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Compte rendu du 4e Café littéraire de l’AAIHP

AAIHP : Association des Anciens Internes des Hôpitaux de Paris

Françoise Debrebant lit des extraits de lettre de Clémenceau tirés de deux ouvrages : « Lettres à une amie (1923-1929) » de Georges Clémenceau (Gallimard) et « Claude Monet – Georges Clemenceau : une histoire, deux caractères, Biographie croisée » d’Alexandre Duval-Stalla (Folio).
Georges Clemenceau (1841-1929) était petit fils, fils de médecin et médecin lui même. Son père était aussi peintre. C’était un homme politique implacable et redouté, un orateur hors pair, mais aussi une homme de grande culture et un écrivain d’une sensibilité exacerbée. Il a écrit sur sa Vendée natale et l’exercice de son métier de médecin à la Butte Montmartre décrivant l’extrême rudesse des conditions de vie du «petit» peuple Français. Il a vécu une très grande amitié avec Claude Monet auquel il écrivait pour le remercier » On ne saurait vous remercier, car on ne remercie pas le rayon de soleil ».
A la fin de sa vie il a entretenu une abondante correspondance avec Marguerite Baldensperger, femme d’un professeur célèbre de la Sorbonne, dont il est amoureux. Dans ces lettres Clémenceau livre l’histoire de ses sentiments pour cette femme de quarante ans sa cadette, encore belle et jeune et qui saura lui donner une dernière jeunesse. Elle avait perdu sa fille qui s’était suicidée, il lui écrivait « Je vous aiderai à vivre et vous m’aiderez à mourir, voilà notre pacte ».

Claude Hamonet présente et lit des extraits de deux ouvrages : « Résister toujours » de
Marie-José Chombart de Lauwe (Flammarion) et de « Les anormaux » de Götz Aly
(Flammarion)
Dans le premier Marie-Josée Chombart de Lauwe, fille d’infirmière, médecin, résistante est déportée avec sa mère à Ravensbrück en 1942. Son père a aussi été déporté et est mort à Buchenwald. Elle a ensuite dénoncé la torture pendant la guerre d’Algérie et rejoint la Ligue des droits de l’homme où elle a lutté contre le racisme et l’exclusion. Elle s’est mobilisé pour le droit des femmes et pour les enfants inadaptés. A 94 ans elle témoigne de son militantisme et de son combat contre l’oubli en appelant à la vigilance et à la résistance.
Götz Aly est un historien Allemand spécialisé dans l’histoire du nazisme. Il nous raconte ici comment le programme d’euthanasie des handicapés physique et mentaux, plus connu sous le nom de code AktionT4, a été mis en place dès 1939 par Hitler. Il montre la mise en place au sein d’une société avancée d’un eugénisme ordinaire par des médecins et des professionnels de santé qui avaient une absence totale de compassion et de valeur morale. La plupart d’entre eux n’ont pas été inquiétés à la fin de la guerre et essayèrent d’entraver le travail de l’historien.

François Daniel nous présente et lit un extrait de « Vingt-quatre heures de la vie d’une femme » de Stefan Sweig (Folio)
C’est une longue nouvelle sombre écrite en 1925. Le récit est construit selon le principe des poupées russes et donne une dynamique haletante au récit. Le narrateur, sans doute l’auteur lui-même, lors d’un séjour sur la Riveria est témoin de la fuite d’une femme mariée et reçoit, à cette occasion, la confession d’une veuve anglaise qui quelques années plutôt, au casino de Monte-Carlo, s’est prise d’une passion amoureuse dévorante pour un jeune homme perdu par la fièvre du jeu. Elle tente tout pour l’aider et veux le sauver. Cette histoire d’amour et de passion est aussi une histoire de secret trop longtemps gardé et dévoilé comme une libération. Ce récit des vingtquatre heures qui changent une vie a beaucoup frappé Sigmund Freud, tant l’analyse psychologique du coup de foudre amoureux et de l’addiction au jeu est fine et juste.

Robert Haïat présente et lit quelques extraits de son livre « Mots patients, Mots passants » (Glyphe)
Robert Haïat est un de nos collègue (promotion 1963) qui a créé et dirigé le service de cardiologie et urgences cardiovasculaires de l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye. Il a recueilli anecdotes et paroles de patients entendues lors de ses consultations. Son livre, sorte de brèves de comptoir ou plutôt brèves de consultation, n’est pas uniquement très drôle, il est émouvant car profondément humain. Voici quelques florilèges : « Docteur j’ai fait vérifier ma prostate pour avoir le coeur net. J’ai une prostate de jeune fille. », « Docteur, je suis la manifestation vivante de votre compétence. », « Docteur, je meurs, je meurs, appelez un médecin. »

Philippe Martial présente « Bossuet » de Joël Schmidt (Salvator)
Cette biographie de Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), parue en 2017, nous montre un Bossuet moins connu. Nous connaissons tous le prédicateur ambitieux, l’orateur hors pair, maniant avec un extrême talent la langue Française.
Bossuet était aussi un homme très en avance sur son temps, pacifique (« Il faut convaincre et non pas vaincre les hérétiques ») militant et combattant pour ses idées (« Il faut toujours combattre les idées par la plume et non pas par les armes »), n’hésitant pas à apostropher les nobles sur leur absence de compassion vis à vis des pauvres (« “C’est la plus grande de toutes les faiblesses que de craindre trop de paraître faible. ”), et même Louis XIV sur l’excès des guerres, la pauvreté du royaume et sa vie dissolue. Voltaire dira de lui « On fut étonné de cette force majestueuse avec laquelle il a décrit les moeurs, le gouvernement, l’accroissement et la chute des grands empires, et de ces traits rapides d’une vérité énergique, dont il peint et juge les nations. »
Dominique Vergnon nous présente son ouvrage « Comment dire l’instant en peinture : De William Blake à Antoine Watteau » (Michel de Maule) Dominique Vergnon est un critique d’art averti qui s’est consacré à l’art en parallèle à une carrière de diplomate. Après un premier ouvrage intitulé « Comment dire la grâce en peinture », qui décrivait pour une cinquantaine de tableaux la grâce de l’instant capturé par l’oeil du peintre, il publie un second ouvrage pour analyser comment l’instant est dit en peinture par vingt grands maîtres. Le choix des peintres est très éclectique allant d’Ucello à Daumier, de Blake à Hokusaï et de Watteau à Mondrian mais la question est la même : quel est le moment le plus parfait dans la vie d’un tableau qui lui donne sa substance et sa perfection ? Pour Diderot, «Le peintre n’a qu’un instant presque indivisible ; c’est à cet instant que tous les mouvements de sa composition doivent se rapporter». Pour l’épouse d’Albert Gleizes, l’un des fondateur du cubisme, qui le regardait peindre, elle trouvait ce moment indéfinissable du temps et lui disait « arrête, c’est bon, j’achète ». L’instant une fois choisi, tout le reste est donné.

Philippe Brun nous présente « Le cercle » de Dave Eggers (Folio)
Le Cercle est un roman plus d’anticipation que de science-fiction de Dave Eggers, paru en 2013 qui dénonce les dérives des sociétés géantes du net, connues sous le nom de GAFA et la perversité des réseaux dits sociaux. Mae Holland est une jeune femme, embauchée par une puissante compagnie du net installée sur un campus californien. Tout est merveilleux, la compagnie fournit tout le confort pour la vie professionnelle comme pour la vie personnelle. Les programmes mis au point par cette compagnie sont terriblement innovants et fascinent la jeune femme qui bientôt s’investit dans un projet ou tout est filmé enregistré et partagé dans le but d’atteindre la transparence totale. C’est la fin de la vie privée et de l’intime, le virtuel contrôlant le le réel. Ce roman, Orwell ou Huxley des temps modernes, décrit un monde angoissant qui n’est malheureusement pas loin de la réalité.

Date

25 Jan 2018
Expired!

Heure

18h30 - 22h30

Lieu

Café le François Coppée
1 boulevard du montparnasse 75006 PARIS

Organisateur

AAA-APHP
Téléphone
01 40 27 38 01
Email
aaa.aphp.sap@aphp.fr