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CHIFFRES

CHIFFRES

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J’ignore s’il existe un organe de presse qui soit spécialement consacré à recueillir et à classer des chiffres, montants et pourcentages sur tout sujet politique et économique. Il me conviendrait bien plus qu’un journal multipliant les jugements, sans les fonder sur des précisions numériques.

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Au début novembre de chaque année, le ministre de la Culture venait, devant la commission compétente de la Haute Assemblée, présenter ses futurs crédits budgétaires et défendre le programme qui en justifiait le montant ; pour peu qu’un sénateur se plaignît de quelque manque affectant un secteur culturel de sa ville, le ministre s’exclamait : « Monsieur le Sénateur, vous avez parfaitement raison ; ce chapitre est sacrifié et depuis longtemps. J’ai bien noté cette insuffisance. » Puis d’un ton assuré, il ajoutait : « Sachez que j’ai décidé justement d’abonder énormément ses ressources ; voilà pourquoi j’ai inscrit en sa faveur une croissance considérable et tout exceptionnelle, dans le budget de l’an prochain ! »

Je m’empressais de vérifier les chiffres sur le document budgétaire, où je constatais que la dotation n’augmentait que de 0,4 %.

Les chiffres - et plus encore que les valeurs absolues, les valeurs relatives des proportions - ont ceci de capital qu’ils font justice des persuasions collectives et des mensonges de la propagande ; ils démentent pratiquement toujours ce que croit l’opinion.

Sur les persuasions infondées, le résultat des sondages est souvent stupéfiant.

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J’ai la manie des chiffres et celle de les comparer.

-. Une trentaine de victimes d’attentats en trois ans ; l’opinion et horrifiée et réclame des sanctions.

-. 5.000 morts par accident de voiture ; l’opinion persiste en sens contraire à demander d’assouplir le code de la route, au risque d’augmenter le nombre de décès.

Un attentat est spectaculaire et fait la « une » de la presse.

L’habitude et la banalité font que personne ne se soucie des accidents de la route.

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Deux chiffres américains fort éloquents.

Il y a cinquante ans, le PDG d’une entreprise gagnait en moyenne 40 fois plus que le moins payé de ses employés. Le chiffre est passé à 400.

A la même époque, le taux de prélèvement fiscal affectant la plus haute tranche de l’impôt sur le revenu, dépassait les 80% ; il était quasi confiscatoire ; il est tombé à 20%.

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Des chiffres significatifs.

On se reportera à la récente étude (octobre 2019), très scrupuleusement conduite et argumentée de Gabriel ZUCMAN, consacrée à la fiscalité américaine.

Outre-Atlantique, l’impôt fédéral sur le revenu, institué dès 1913, demeura longtemps fortement progressif. Dans les années 1930, le taux d’imposition appliqué plus hauts revenus avoisine les 90 %. Il est quasiment confiscatoire !

Quand en 1981, REAGAN est élu Président, le taux est encore de 70% ; en six ans, il l’abaisse par étapes à 28% (de 70 à 28 !!!), sous prétexte, toujours le même, de stimuler l’économie. Echec total : la croissance n’a pas suivi. Les riches sont devenus beaucoup plus riches, cependant que le revenu national par habitant a vu sa progression divisée par deux (2,2% par an de 1950 à 1990, puis 1,1 de 1990 à 2919).

Actuellement, 1% des Américains possèdent 40% de la richesse nationale. Au début des années 1980, les 0,1 % des Américains les plus fortunés, détenaient environ 7% du patrimoine des U.S.A. Avec maintenant près de 20%, ils possèdent, à eux seuls, autant que le reste de la population.

Le taux d’imposition des multimilliardaires, tous impôts additionnés, a été de 23% contre 28% pour l’ensemble des autres Américains.

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DAVOS, au lendemain de la crise.

Depuis 2009, (selon BLOOMBERG) la fortune de la douzaine des plus riches participants américains au forum de Davos s’est accrue de 175 milliards de dollars, quand celle du salaire médian du travailleur américain a stagné.

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Le salaire du premier banquier américain Jamie DIMON, le patron de JP Morgan Chase, a dépassé les 30 millions de dollars en 2018, soit 5% de plus que l’année précédente. Plus que la croissance du salaire de ses propres employés. Depuis 2009, la fortune de DIMON a été multipliée par six.

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Il y a 70 % de sans-abri de plus qu’il y a dix ans au sein de l’Union européenne.

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Il y aurait 300 millions de « locuteurs » parlant français. Le français serait la deuxième langue la plus enseignée.

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10% de la population mexicaine vit aux Etats-Unis.

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Pandémies.

1347-1351.   La peste noire tue un tiers au moins de la population européenne.

1918-1919.  La grippe « espagnole » fait plus de victimes que la guerre.

1969.  La grippe de Hong-Kong fait 34.000 morts en France

2020-2021.  Coronavirus. 100.000 morts sur une population de 66 millions d’habitants.

En lançant la presse populaire, vers 1830, GIRARDIN découvrit que ses lecteurs n’aimaient pas être informés autant qu’émus, alarmés, effrayés…

Les media contemporains n’ont pas oublié la recette et savent inquiéter comme jamais. Il faut être anxiogène pour être lu.

En 2020 et 2021, le « coronavirus » est une occasion inégalée d’exercer ce procédé d’inquiétude systématique ? Comparons les chiffres.

France :  population : 66 millions d’habitants.

Grippe asiatique : 15.000 morts, chaque année. (De personnes qui refusent de se faire vacciner.)

Cancer : 150.000 morts.

Maladies cardiovasculaires : 140.000 morts.

Coronavirus : 100.000 morts ; risque létal : un peu moins de 0,2 pour 100.

Ce risque menace surtout les vieux, déjà atteints de quelque maladie.

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Le facteur démographique est prépondérant : le coronavirus est l’obsession actuelle, car la population est vieille ; elle a choisi de sacrifier les jeunes en confinant tout le monde, tant lui paraissaient prioritaires les retraités des EPAD.

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