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CIVILISATION

CIVILISATION

Etymologiquement, l’être civilisé habite la ville ; à la différence du paysan, ce cultivateur agricole tellement inférieur qu’étymologiquement il est aussi le méprisable « païen » (paganus).

L’étymologie est révélatrice !

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L’homme est un animal qui obéit à ses instincts et les satisfait par le moyen des réflexes conditionnés.

L’être humain répugne à reconnaître qu’il est d’abord et avant tout un animal. Il obéit aux mêmes instincts que les bêtes. Il préfère se définir comme un « être doué de raison ». Sauf que d’ordinaire il se sert très peu de sa raison. Et ne s’en rend pas compte. Car nous sommes dupés par la masse des recettes ce que nous avons apprises. Elles nous dispensent à tout instant de réfléchir et de chercher.

Au cours des siècles, des hommes ou femmes d’exception (de ceux que l’on nomme des génies), se sont énormément servi de leur intellect ; ils ont profondément différé de la multitude, en découvrant et en inventant toutes sortes de procédés efficaces et de techniques raffinées, dont l’ensemble porte le nom de Civilisation.

Que nous ne cessions à tout instant d’employer les savoirs que nous ont légués ces êtres rarissimes ne nous empêche pas d’être des animaux, car nous ne sommes pour rien dans la source et la richesse accumulée de ces sciences ; nous ne les augmentons pas. Leur usage ne fait pas de nous des « civilisés ».

Nous employons à tout instant quantité de ces moyens ; mais, chaque fois, ce n’est pas après avoir raisonné, en liant logiquement fin et moyen ; nous agissons en automates, par le moyen des « réflexes conditionnés » que nous avons acquis par pur dressage ; c’est-à-dire par cette accoutumance mécanique à laquelle nous préférons donner le nom plus noble d’apprentissage, d’enseignement ou d’éducation. En fait, nous sommes des animaux judicieusement dressés.

Il faut bien voir, en toute conscience, en quoi diffèrent « civilisé » et « barbare ».

Et faire un choix : de deux choses l’une : ou l’on accepte de se laisser vivre à la façon instinctive des bêtes, c’est-à-dire en animal sans principes de morale. Ou l’on préfère et décide de se surveiller et de se contrôler sans cesse, en favorisant l’écart qui distingue l’être doué de raison.

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Pour se mettre en état de se civiliser, il faut, en premier lieu, accepter de reconnaître que chacun de nous est, d’abord et avant tout, un animal ; ce préalable de prise de conscience est indispensable pour songer à identifier les instincts qui nous gouvernent ; ensuite, il faut trier ces moteurs, accepter les uns, se méfier des autres… La discipline est au commencement de la sagesse.

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L’unité de la personnalité est un mythe ; nous sommes civilisés c’est-à-dire développés, intellectuellement outillés, dans certains domaines, surtout celui de notre profession. Et plus ou moins frustes dans les autres.

En outre, sans en être conscient et sans en soupçonner la cause, nous préservons, au moins quelque domaine dans lequel nous entretenons une agressivité constitutive de la survie. Nous nous y montrons plus ou moins barbares. L’instinct d’auto-défense s’y donne libre cours. Il est probable que la nature en a besoin.

D’abord, nous l’acceptons dans le sexe, qui garde largement son caractère animal.

Mais bien souvent, c’est dans nos « opinions » que nous nous laissons aller : et surtout dans l’exposé des « idées » politiques que nous cédons aux pulsions violentes. Là, règnent les préjugés déconcertants, les refus aveugles, les solutions grossières, les programmes simplistes…

Voilà pourquoi, nous nous étonnons souvent de voir une personne, que nous jugeons par ailleurs des plus intelligente, nous surprendre par des propos rudimentaires et expéditifs.

Nous ne sommes pas, loin de là, civilisés en tout !

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