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ACTION POLITIQUE

En toute affaire humaine, la décision dépend rarement du calcul rationnel de la mesure la plus favorable ; l’instinct animal est le plus fort. En politique, le pire est quasiment sûr, car la mesure choisie dépend, encore moins qu’ailleurs, d’une analyse impartiale, suivie du choix conséquent du bien public, mais résulte du pur rapport des forces en présence, dans le conflit de leurs intérêts.
Lors de cette confrontation, chacun défend ce qu’il croit lui être le plus immédiatement profitable et ne voit pas plus loin.
En outre, la décision est bien souvent prise en catastrophe, sur le coin d’une table, quand il est devenu absolument impossible de différer une solution urgentissime.
Pour ce qui est du gouvernement de la Cité, en vue de l’intérêt général, les optimistes ont toujours tort.
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En 1785, qui prévoyait le bouleversement à venir ? A l’époque, le ministre de la Guerre prenait sans état d’âme un décret réservant l’avancement au grade de colonel aux seuls nobles ayant « quatre quartiers de noblesse »… La convulsion déclenchée, qui a pressenti les excès de la Terreur ? Le Consulat établi, qui a deviné les guerres effroyables de Napoléon ? Elisant son neveu en 1848, qui a soupçonné sa pitoyable fin.
On ne prévoit pas plus Sedan que Waterloo.

Or, c’est cela le vrai de la politique : une succession de calculs erronés, de catastrophes inattendues et de carnages trop réels…