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ECONOMIE POLITIQUE

 

L’économie politique est fort bien nommée : car le mot « économie » (au sens d’épargne) rappelle discrètement l’avarice qui obsède la plupart des agents producteurs, soucieux de retrancher le plus possible dans la moindre dépense, pour gagner plus.

Le capitalisme contemporain, dit « low cost », (bon marché) en offre le plus bel exemple.

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Maint économiste est persuadé que objet de son étude est de caractère purement et totalement scientifique.

Les comportements humains seraient immuables, car ils obéiraient à des lois permanentes, à l’instar des phénomènes physiques. Toutes les réalités seraient inchangeables.

Il regarde donc sa théorie comme équivalente à, par exemple, la loi de la gravitation : les corps n’en finissent pas de tomber de la même façon.

Cet économiste oublie que l’être humain ne se laisse pas faire sans réagir afin de modifier : individuellement ou collectivement. Pour commencer, nous intervenons pour empêcher un objet lourd de nous écraser le pied.

En économie, un esprit rationnel et complet adjoint à la théorie le souci moral du bien commun. Doit-on accepter telle quelle la figure du réel ? Ou tenter de l’améliorer au nom de tous ? Avant d’adopter une théorie, il faut - il faudrait - en étudier les conséquences pour les uns et pour les autres.

C’est loin d’être toujours le cas.

Les dirigeants politiques choisissent plutôt ce qui favorise les puissants de leur groupe social ; mais en assurant que le système qu’ils privilégient obéit aux lois de la Science.

Voilà pourquoi, contre l’intérêt général, mais pour celui de quelques-uns très haut placés, le monde capitaliste occidental a décidé que la théorie de Milton FRIEDMAN était scientifiquement prouvée ; on appliqua donc, en le mondialisant, le néo-libéralisme du « tout marché autorégulé »... avec les conséquences catastrophiques que l’on ne cesse de découvrir et de mesurer : la vraie bénéficiaire du système est le principal adversaire commercial et idéologique : la Chine !

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La politique, telle qu’elle s’affirme officiellement, est faite de rivalités - nées d’instincts agressifs - opposant clans, partis, peuples, idéologies et religions...

Cette vue ordinaire méconnaît une réalité sous-jacente : l’économie. Ce faisant, elle ignore (ou semble ignorer) les dépendances et interdépendances qui, un peu partout, en lient (souvent étroitement) les divers facteurs, et contrarient, sinon même contredisent totalement, les rivalités officielles.

Deux univers se superposent, obéissant chacun à ses lois propres. Et parfois incompatibles avec celles de l’autre.

Une des fonctions essentielles de la politique est de gérer - surtout fiscalement - l’économie. Mais cela ne se sait pas ; car « il ne faut pas le dire ! » Et les hommes au pouvoir semblent l’ignorer.

Ils l’ignorent à ce point qu’ils concentrent leurs vues sur des idées, des idées qu’opposent les controverses morales, doctrinales ou juridiques ; des idées qu’ils jugent capitales, sans tenir compte des réalités concrètes, qu’ils ne connaissent pas et ne cherchent pas à connaître.

Un exemple : Madame MERKEL manquait rarement l’occasion de dénoncer les atteintes aux libertés commises par l’autocrate russe.

Mais, à part une rarissime allusion au « gazoduc », elle passait toujours sous silence qu’économiquement l’Allemagne était, dans des conditions considérables, un fournisseur et un client étroitement lié à la Russie.

Cette double dépendance était un facteur capital, bien qu’oublié à Berlin, et apparemment jugé sans influence sur l’avenir du pays.

Or, le « tout-marché mondialisé » a démesurément multiplié les échanges et donc les interactions partout sur la planète.

Les hommes politiques étant rarement compétents en économie, ils ne s’en préoccupent pas ; quand l’un d’eux y pense, il se dit : les faits politiques sont une chose ; les particularités économiques en sont une autre. Inutile d’en parler ensemble. Ne confondons pas les genres.

Dans cette façon de ne pas voir, demeurent invisibles les liens étroits entre le potentiel réalisable des ambitions politiques et la quantité disponible des instruments nécessaires que seule livre l’économie.

En cas de guerre, la contradiction entre volonté et latitude, entre ambition et moyens, saute brusquement aux yeux.

Le Pouvoir découvre alors que les rivalités politiques se heurtent aux interdépendances économiques et que ces données les conditionnent fâcheusement.

Le combat idéologico-politique lui masquait le fonctionnement des réalités.

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L’économie politique, dans ses versions théoriques, est surtout politique.

Une science ? Certains de ses praticiens ignorent la méthode de la preuve : les théories libérale et néolibérale ont conduit aux crises de 1925 et de 2008 ; elles sont erronées ? Qu’importe ! Les forces politiques qu’elles favorisent les imposent.

Loin d’être la science exacte que nous peignent ses desservants, l’économie politique est infectée par des dogmes dont la fin n’est pas de décrire le réel, mais de défendre des intérêts et de recommander des programmes correspondants.

Elle a trop d’influence pour que les puissants n’aient pas cherché à s’en emparer et à la monopoliser, afin d’inculquer par la propagande les théories qui leur sont les plus favorables. La doctrine « néolibérale » du Tout marché mondialisé (de Milton FRIEDMAN), ne s’est pas imposée autrement.

D’autres économistes (dont le prix Nobel Joseph STIGLITZ) s’opposent à cette théorie, mais ils n’ont pas la parole, car la presse appartient aux puissances de l’argent.

Bref, cette « science », telle qu’invoquée le plus souvent, est surtout un amas de conjectures idéologiquement orientées.

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Pour un économiste tel que Milton FRIEDMAN, l’expérience ne compte pas. Abusivement simplifiée, la théorie « libérale » de SMITH , avait provoqué la catastrophe de 1929 ; sept ans après, KEYNES en avait clairement identifié les causes et recommandé aux Etats d’intervenir. Qu’à cela ne tienne ! Les gouvernements se sont obstinés à ne rien faire.

La théorie keynésienne s’imposa peu à peu et se généralisa...

Mais les intérêts privés, préférant le régime libéral, veillaient.

  1. Aux Etats-Unis, le parti (conservateur) Républicain, au pouvoir avec REAGAN, entend faire plaisir à son électorat, surtout aux multimilliardaires qui le financent : il remplace une théorie qui a fait ses preuves, celle de KEYNES (relance par la consommation) par une théorie nouvelle (relance par l’offre, préconisée par le néolibéralisme du Tout-Marché « autorégulé » (sic) et mondialisé), purement hypothétique, car dénuée de preuve empirique.

Selon Milton FRIEDMAN, son auteur, les dépenses des pauvres sont dangereuses car inflationnistes, tandis qu’en revanche toute baisse d’impôts des riches est systématiquement consacrée à investir.

L’expérience, qu’un savant authentique ne manquerait pas de consulter, a montré qu’en général les riches usent de tout surcroît de revenu pour spéculer. C’est exactement ce qui s’est passé.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la crise de 1929 s’est reproduite quasiment à l’identique. Une énorme spéculation, totalement incontrôlée ; une bulle qui gonfle, qui gonfle, et qui éclate... C’est la crise de 2008.

A l’époque, un économiste osa fort justement la résumer ainsi : « Pas assez d’argent pour la consommation, trop d’argent pour la spéculation. »

Il bravait la mode !

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De 1969 à 2020, près de quatre-vingts prix Nobel d’économie ont été décernés. Le seul nom couronné qui compte, Milton FIEDMAN (1976). est celui de l’économiste, dont le patronat et les gens de finance ont imposé la doctrine.

La presse appartenant à ces puissances, quasiment personne ne connaît celui de Joseph STIGLITZ (2001), qui a l’insupportable audace de prolonger et de parfaire la théorie de KEYNES.

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Le « néolibéralisme du Tout-marché mondialisé» n’est pas une théorie ; c’est une dogme. Seule une doctrine quasi théologique peut assurer que le marché est capable de « s’autoréguler » ; tout comme méconnaître que l’homme soit un joueur, qu’il est avide et ne craint pas de frauder…

Le capitalisme réel - et non idéalisé - le capitalisme observable, montre que l’autocontrôle des fraudes est utopique, car opposé à la recherche du plus grand profit ; l’observation montre également que la liberté incontrôlée de circulation des capitaux favorise la spéculation la plus folle et que, par l’éclatement des bulles, elle provoque une crise profonde et durable.

Les chantres du capitalisme vantent les bienfaits de la libre entreprise, mais cachent que les méfaits sont également libres, pour le pire, de se donner libre cours.

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Combien d’économistes décrivent le réel qu’ils observent, comme s’il était naturel et donc nécessaire, et absolument inchangeable.

Ils oublient la part d’arbitraire conventionnel que comporte tout ordre humain. La politique consiste précisément à gérer cet ordre. En le conservant ou en le modifiant.

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Milton FRIEDMAN dénonçait à juste titre l’action trop fréquente des pouvoirs publics : certes, les gouvernants ne se soucient pas assez du bien général ; ils servent leur clientèle électorale. Mais de là à traiter d’incompétent et d’utopiste quiconque ose suggérer de confier une tâche aux pouvoirs publics, il y a de la marge !

Les défauts de l’Etat ne prouvent en rien que le marché ultralibéral fera mieux !

En l’occurrence, on reconnaît un mode de raisonnement fallacieux, mais ultra répandu : les vices d’un système prouvent que le système opposé est vertueux.

 Les partisans « néolibéraux » du « TOUT-MARCHE mondialisé » prétendent qu’il est automatiquement « autorégulé » ! C’est se moquer du monde. Avec le maximum d’impudence… Cette prétendue autorégulation est IMPOSSIBLE, car contraire au ressort même du capitalisme : la recherche du maximum de profit.

Surveillant, contrôlant et corrigeant les effets des initiatives privées, cette régulation, indispensable pour le bien de tous, est depuis fort longtemps la fonction d’intérêt général confiée à l’Etat.

C’est très exactement pour échapper à cette intrusion correctrice, qui léserait leur intérêt, que les néolibéraux préconisent l’abstention maximale des pouvoirs publics, en matière économique.

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L’économie politique n’est pas une science. Donnons un exemple : en temps de croissance molle ou nulle, les banques centrales entendent jouer un rôle positif. Comment soutenir ou relancer l’économie ? Contrairement à ce que l’on attend d’une science exacte, cette question capitale reçoit deux réponses contraires !

Pour certains théoriciens, les établissements financiers centraux doivent baisser leur taux d’intérêt ;  c’est d’ailleurs une habitude pour la Réserve fédérale et pour la Banque centrale européenne.

D’autres théoriciens défendent une idée inverse : la baisse des taux d’intérêt, au-delà d’un certain niveau, ne stimule plus la distribution de crédit, car elle diminue le taux de « profitabilité » des banques privées.

Le premier effet sur les banques serait positif, puis deviendrait contreproductif.

Il faut espérer qu’un futur effort de compatibilité établira que les deux explications ne s’opposent pas mais sont complémentaires.

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-.« Dites donc ! Vous ne manquez pas d’audace ! Il en faut beaucoup pour oser critiquer les recherches tellement difficiles des économistes ! »

-..« A mes yeux, leur travail est analogue à celui des théologiens ; les ouvrages qu’accumulent ces derniers font une énorme impression et depuis des siècles ; rien de plus ardu, de plus complexe, de plus subtil que la théologie ; rien de plus prestigieux, et pourtant, rien de plus vain, pour qui ne croit pas en Dieu. L’élaboration de ces œuvres gigantesques ne repose sur rien de vérifiable. Elles n’ont sans conteste rien de probatoire.

L’économie est fondée sur des faits matériels observables ; mais le choix des données étudiées dépend de l’arbitraire de chaque économiste.

Voilà pourquoi ces théoriciens ne s’accordent pas plus entre eux que les théologiens, si facilement ennemis les uns des autres.

Je souligne une différence heureuse : pour convaincre les esprits récalcitrants, les économistes ne disposent pas du bûcher. Toutefois, comme on le voit hélas depuis  plusieurs décennies, l’application d’une fausse théorie économique, si favorable aux riches, est catastrophique pour les pauvres du monde entier. »

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En 1969, la maison MAME à Tours publie une traduction par Robert ABRAMOWICZ de « Monetary vs. fiscal policy » de Milton FRIEDMAN et Walter W. HELLER.

Fort curieux de l’anti-keynésien dont on parlait le plus, je lis l’exemplaire de son ouvrage que venait d’acquérir la Bibliothèque du Sénat. Très surpris, je découvre que le traducteur s’est trompé en inversant monnaie scripturale et monnaie fiduciaire. Une faute énorme et incompréhensible de la part d’un professeur réputé.

Je devine que ce monsieur a tout simplement payé un cabinet de traduction pour faire la besogne à sa place ; l’ennui est que ces professionnels ne sont pas compétents en matière monétaire et qu’ils ont erré en consultant le dictionnaire anglais-français.

Je téléphone à la maison MAME, qui le prend de très haut. « La traduction a été confiée à un spécialiste autorisé, un expert particulièrement sûr. » Je n’insiste pas, mais je reçois une semaine plus tard, une lettre qui est un modèle d’hypocrisie ; en se gardant bien de rappeler le nom du traducteur, l’éditeur me remercie d’avoir signalé « une erreur qui s’est glissée à plusieurs reprises… », une erreur qualifiée de matérielle !

De deux choses l’une - aussi choquantes : ou le professeur a relu l’ouvrage et n’a pas relevé la faute ; il n’est donc pas compétent.

Ou il ne l’a même pas lu ! Ce qui est probable.

Cette inexcusable négligence ne l’empêchera pas d’enseigner les douteux éléments d’une théorie, dont il n’aura pas lui-même scrupuleusement vérifié en détail, argument après argument, le bien-fondé du raisonnement démonstratif.

Belle moralité !

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La théorie monétaire, fort pédante, de FRIEDMAN noie l’essentiel dans un déluge de détails plus ou moins exacts, mais qui n’ont pas d’influence prépondérante.

Il insiste sur les comportements individuels (anticipation, par exemple), qui différant de l’un à l’autre, sont l’occasion d’une description fort riche en subtilités. Cet amas de nuances adventices fait impression sur l’esprit ainsi surchargé. Mais ces passages abondamment narratifs ne portent pas sur le mécanisme fondamental.

FRIEDMAN relève, par exemple, que les corrélations entre variables, les liens généraux de cause à effet, sont plus élastiques que ne l’indiquent les exposés trop sommaires des comportements et de leurs conséquences.

C’est vrai, mais les 10% d’élasticité qu’il souligne n’infirment pas la  relation causale fondée sur 90% de rigidité.

Je reconnais un procédé argumentaire très utilisé dans les controverses : le système ignore le sens des proportions. Les exceptions cachent la loi.

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Les doctrines libérales et néolibérales se fondent sur des postulats que l’expérience montre faux.

Ainsi Adam SMITH et Milton FRIEMAN affirment que « les agents économiques ont des anticipations rationnelles. » Et donc prévisibles selon des lois, celles qu’ils  établissent ; afin de le démontrer,  ils remplacent l’être humain observable par une entité contestable : l’«homo aeconomicus», désarmant de simplicité.

En réalité, l’homme réel est loin du schéma rudimentaire que les deux théoriciens  inventent à l’appui de leur démonstration. Qu’on en juge. Essentiellement, il est réduit à deux traits

- Ainsi, il serait parfaitement informé : il connaîtrait tous les prix pratiqués sur un marché que de nos jours   caractériserait spécialement une concurrence pure et parfaite.

FAUX ! Nous ne sommes renseignés pour nos achats que sur une aire restreint ; et  nous ignorons tout de ce qui se passe un peu plus loin, surtout quand  ce qui est en vente provient de zones lointaines.

Autre exemple : nombre de petits possédants spéculent,  même s’ils sont  loin de connaître l’ensemble des facteurs et données qui interviennent dans le cours des processus évolutifs ; faute de mieux, une forte proportion d’entre eux s’en remettent à la chance. Et se trompent !

- L’être humain obéirait  à la loi du moindre prix.

L’ennui est que là encore il cède à des pulsions qui n’ont rien de rationnel.

L’une est l’ostentation - surtout réservée, il est vrai, à une petite minorité de milliardaires. Chacun d’eux veut coûteux et chic : c’est à qui achètera la voiture la plus spectaculaire.

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TOBIN pose l’hypothèse que les agents économiques éprouvent une profonde aversion pour le risque.

FAUX ! Il oublie que beaucoup d’êtres humains ont le goût du jeu. Les pauvres achètent un billet de loterie ; les riches n’hésitent pas à spéculer, jusqu’à l’éclatement de la « bulle ».

On sait qu’il est absurde de risquer sa vie et celle d’autrui en conduisant à tombeau ouvert ; pourtant, un pourcentage non négligeable d’automobilistes le font !

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Bref, les deux lascars simplifient le réel pour les besoins de leur cause.

Il n’est pas trop difficile pour un théoricien de raisonner dans l’imaginaire de l’utopie.

Le marché « autocontrôlé » en est une ;  et ayant été spécialement conçue pour la défense des grandes fortunes, cette utopie est de plus une imposture.

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 « Une hausse de la quantité de monnaie ne se traduit pas par une relance de l’investissement. »   FAUX ! Tout dépend des cas.

L’Etat peut très bien décider de consacrer ce supplément à l’investissement. Mais FRIEDMAN se refuse à voir que l’action publique n’est pas continuellement négative, aveugle et catastrophique.

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Vous n’approuvez pas la théorie économique de FRIEDMAN, le néo-libéralisme ?

Le marché autorégulé ? Ma position et claire :

Le marché : OUI !

Autorégulé : NON !

La concurrence mondialisée est globalement positive : elle avantage surtout les pays émergeants ; mais elle fait des victimes.

En revanche, c’est une méchante plaisanterie de croire (ou feindre de croire) à l’autorégulation du marché. Ce mot n’a de sens que dans une économie qui, par système, ignore les effets psychologiques et les conséquence sociales de l’enrichissement global. Faut-il méconnaître les inégalités quand elles augmentent, et les désillusions qu’elles provoquent ? Faut-il refuser les leçons de l’Histoire qui nous enseigne le danger des déséquilibres croissants ? Ne risquent-ils pas de provoquer des rébellions fatales ? Faut-il récuser toute morale ?

Cette théorie s’inspire du darwinisme le plus cruel : dans la vie en commun, ne gagnent que les êtres les plus forts.

Darwin se fût peut-être surpris de se voir invoquer en économie politique.

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Quand on voit un peu partout les entreprises frauder sans vergogne pour gagner quelques millions de plus, on ne devrait pas se permettre de supposer que les arnaqueurs réprimeront d’eux-mêmes leurs arnaques ; seul l’Etat, dont la mission est de veiller au bien commun, est en mesure de le faire : il appartient à ses contrôleurs de vérifier la qualité des produits. Et de punir les délinquants.

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Pour beaucoup d’êtres humains, seule la peur du gendarme les retient de commettre un délit. Aussi, pour protéger la société, faut-il un gendarme ; voilà pourquoi les fraudeurs font tout ce qu’ils peuvent pour le supprimer.

En économie, les fraudeurs ont réussi leur coup.

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Les uns préconisent un capitalisme sans contrôle extérieur ; les autres voulaient jadis un communisme pareillement incontrôlé. Les hommes au Pouvoir refusent tout contrôle, d’abord pour eux-mêmes, ensuite pour ceux qu’ils représentent. Un contrôle est perçu instinctivement - et inconsciemment - comme une intrusion insupportable dans le « territoire » que tout être humain possède animalement.

Un obstacle capital : dans le jeu des instincts, la compétitivité ne serait-elle pas plus naturelle (et fréquente) que la coopération ?

Sauf le conformisme propre aux troupeaux qui va dans le bon sens, et fait accepter beaucoup de mesures collectives, l’instinct d’auto-défense personnelle (de lutte pour soi-même) tendrait plutôt (?) à primer celui de la solidarité de groupe.

S’il en est bien ainsi, on comprend pourquoi la politique mène si souvent au désastre. Surtout la contemporaine qui a dogmatisé la concurrence, une concurrence sans limite..

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La politique a pour fin officielle de gérer la Cité, en vue de satisfaire le bien commun. Dans un régime civilisé, l’Etat a pour charge officielle de défendre l’intérêt général contre les intérêts privés ; il assure la cohésion sociale en se souciant des victimes et en les soulageant ; il diminue les tensions que provoquent les inégalités, en redistribuant le produit des impôts…

La régulation consiste aussi à réprimer les fraudes. Le marché ne peut le faire. Là au contraire est le rôle exact attribué à l’Etat.

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Le capitalisme, c’est le FRIC à tout prix.

L’Etat est l’empêcheur de voler en rond.

Les entrepreneurs sont donc systématiquement contre l’Etat ; il leur est insupportable, parce que représentant et garantissant les valeurs de la civilisation, il surveille - et gêne - leurs activités en quête de profits.

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Les puissances économico-financières, dont la politique commerciale entretient la crise, sont aussi celles qui l’exploitent le mieux politiquement. Par le moyen de la presse, qu’elles possèdent quasi entière, elles gouvernent l’opinion.

Le public n’y voit goutte. Les victimes du système chérissent leurs bourreaux. Encore faut-il que les bourreaux n’abusent pas trop longtemps.

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Ceux qui gagnent le plus à l’ordre établi devraient comprendre leur intérêt à long terme ; il est de faire en sorte que le système profite un peu à tout le monde et même aux laissés-pour-compte du système. Encore faudrait-il que les privilégiés sachent en prendre conscience.

Compenser au moins une part des inégalités était jadis et naguère l’office de la religion : les prêtres s’occupaient des pauvres ; les nonnes soignaient les malades et sauvaient les enfants abandonnés.

De nos jours, dans les croyances collectives, les préceptes de charité chrétienne sont relayés par les dogmes économiques. N’ayant rien de caritatif, il n’y est pas question de reconnaître que le système en vigueur fasse des victimes.

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La doctrine néolibérale actuelle (prônant l’austérité et l’équilibre budgétaire) conduit directement au triomphe de l’extrême-droite.

 Rien de plus évident et de partout vérifié. Cependant nombre de bons esprits s’obstinent à nier ce lien de cause à effet.

Le comble est que l’expérience historique confirme pourtant, par un exemple lumineux, que la politique de la déflation (analogue à celle de l’actuelle austérité), pratiquée après la crise de 1929, pour avoir été incapable, elle aussi, de réduire le chômage, provoqua une montée irrésistible de l’extrême-droite.

Les mêmes causes produisant les effets, on devrait, en bonne logique, s’attendre à la même conséquence. Il n’en est rien ! La pression politique en faveur du système néolibéral contemporain est telle qu’elle paraît aveugler les observateurs les plus clairvoyants. Mais que pensent-ils vraiment, seul à seul ?

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Les économistes oublient volontiers la dimension psychologique des phénomènes. L’«homo œconomicus », dont la décision est présumée éminemment rationnelle, est une réduction beaucoup trop simplifiée de l’homme réel, qui, lui, est fort loin d’obéir à la seule « raison ».

Au contraire, il multiplie les actes inconsidérés, en cédant à des penchants difficiles à justifier logiquement tel que le goût des jeux de hasard : le Loto pour les petits porte-monnaie, le casino pour les gros portefeuilles, la spéculation mondiale pour les fonds énormes des banquiers et des agioteurs...

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Il ne suffit pas de prolonger les courbes pour prévoir à coup sûr l’évolution d’une économie. Parfois les bonnes gens refusent de se laisser plumer et se rebiffent. Le « ras le bol » existe et peut provoquer des remous.

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Une question de dimension. Quand SMITH inaugurait la discipline économique, l’échelle significative était particulièrement réduite : une ville, tout au plus une région. Dans leur conduite, les consommateurs ne différaient pas beaucoup de la ménagère qui fait ses courses ; l’aire du marché est petite. L’« homo oeconomicus » de jadis était bien informé, et la connaissance du marché, suffisante pour faire jouer la concurrence.

Il en est tout autrement de nos jours ; l’aire du marché mondialisé s’est étendue à la terre entière. Impossible de vérifier, par soi-même, les conditions de fabrication, la qualité du produit, son degré d’« obsolescence programmée »… Sur le lieu de l’achat, la concurrence est nulle. Si je préfère un produit français à un chinois, je n’ai quasiment nul moyen d’imposer mon choix. Le consommateur final est court-circuité par les lobbies de l’importation.

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En revanche, la conséquence est toujours la même : qu’il soit localement restreint ou largement mondialisé, le système fait des victimes. Il faudrait s’en soucier.

Mais il n’en est pas question : pas plus aujourd’hui qu’hier, les chanceux avantagés qui profitent du système n’acceptent d’en voir les dégâts ; ils refusent obstinément les mesures politiques indispensables pour secourir ceux qui souffrent.

Ainsi la théorie de la « destruction créatrice » de SHUMPETER devrait s’accompagner d’une mise en garde recommandant de s’occuper des victimes. Car il n’est pas exclu qu’elles se rebellent et perturbent gravement le cours « normal » c’est-à-dire habituel, des choses.

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La concurrence sans frein, c’est la guerre économique. En l’absence de toute règle et surtout d’une autorité qui la fasse respecter, cette guerre ruine les peuples, au bénéfice d’une minorité, qui finit par supprimer, à son profit,  toute concurrence…

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En 1840, un patron voyait de près travailler les ouvriers de l’usine ; et les consommateurs n’étaient pas loin.

En économie mondialisée, nous achetons des biens qui sont fabriqués à l’autre bout de la terre, sans avoir la moindre idée des conditions matérielles et humaines de production ; même si ce nous consommons résulte de l’esclavage, nous l’ignorons.

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Contrairement à ce qu’affirme la théorie néo-libérale de Milton F. et de l’Ecole de Chicago, non seulement les déficits budgétaires sont loin d’être forcément inflationnistes, mais ils stimulent vivement l’économie, ainsi que le montre l’évolution des Etats-Unis sur les cinquante dernières années.

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Les économistes commencent à découvrir que le marché néo-libéral mondialisé, lancé après 1980 par REAGAN, a beaucoup plus profité à la Chine qu’à l’Occident.

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Le comble est donc qu’une théorie américaine, imposée par un Président américain à ses compatriotes américains, s’est révélée exactement contraire aux intérêts de l’Amérique, car elle la ruine au profit de son principal concurrent marchand et idéologique : la Chine !

Bravo M. F !

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Le marxisme, tel que sinisé par MAO et successeurs, entretient un capitalisme très étatique, qui a su tirer un parti maximum du néolibéralisme occidental, le tout-marché mondialisé ; en effet, cette doctrine a fait  abolir tous les obstacles qui entravaient, dans les pays développés, la libre circulation des produits concurrents que fabriquent, au moindre coût, les pays en voie de développement. Elle a donc grandement favorisé la Chine. Et soutenu... son marxisme officiel!

Grâce au néo-libéralisme mondialisé, les Chinois ont envahi et conquis les marchés occidentaux, à force de vendre sans obstacle à faible prix ; en conséquence, la Chine est devenue la rivale « systémique » des Etats-Unis.

Par sa théorie du « Tout marché mondialisé », Milton F. a joué contre les intérêts de sa propre nation.

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En Occident, ces échanges commerciaux facilités profitent surtout aux firmes d’importation, mais ils ont peu à peu ruiné les productions locales.

Ces importateurs, qui profitent au maximum du « marché néo-libéral mondialisé », sont parmi les plus puissants des lobbies proches et inspirateurs du Pouvoir ; leur propagande s’efforce de faire oublier les dégâts que ce système provoque dans les nations développées de l’Occident, au bénéfice de pays en voie de développement tel que la Chine.

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Impostures contemporaines. Les « pseudo-théories ».

La théorie fallacieuse de « la relance par la production » n’est pas exactement connue du grand public.

En revanche, depuis quelques années, on entend souvent les ignorants invoquer la « théorie du ruissellement « ; elle assure qu’il faut augmenter le revenu des riches, en diminuant leurs impôts, car ils dépensent MIEUX leur argent que l’Etat ne fait le sien.

Mais ce « mieux » est sujet à caution.

Dans un premier temps, on prend fiscalement l’argent des moins riches, pour qu’il leur revienne, dans un second temps, grâce aux les dépenses supplémentaires des ultrariches.

C’est différer inutilement le pouvoir d’achat de ceux dont on diminue le revenu. Car l’effet sur le revenu des pauvres, quand il existe, ne se produit qu’au bout d’une longue chaîne d’échanges économiques et financiers.

Il faut surtout observer que les riches dépensent surtout pour être encore plus riches ; ils investissent en priorité dans le rentable et non dans ce qui est le plus favorable au bien commun ; et le plus souvent ils préfèrent spéculer. Depuis trois décennies, la baisse fiscale continue dont bénéficient les multimilliardaires n’a fait que provoquer et faire grossir des bulles.

L’objectif de l’Etat est autre : (le militaire mis à part) pour l’essentiel il est social. Il redistribue. Ce n’est pas indirectement, mais immédiatement et sans intermédiaire, qu’il assume les charges collectives, finance la construction d’hôpitaux, en rétribue médecins et personnel, qu’il paie les policiers et les enseignants…

Son autre fonction est d’investir ; il le fait directement.

Prétendre que, par voie indirecte, le ruissellement investisse autant sinon mieux est se moquer du monde.

Les multimilliardaires ont acheté la quasi-totalité des journaux populaires, pour faire précisément la propagande de « théories » aussi fallacieuses que celle du ruissellement.

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De nos jours, l’économie est entièrement financiarisée.

Provoquant une envolée des prix, la guerre en Ukraine a montré une conséquence fâcheuse du néolibéralisme contemporain : la totale dérégulation des matières premières les a transformées en pur produit financier.

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La théorie économique néo-libérale fait une impasse totale sur les réalités de la géopolitique. Milton FRIEDMAN oublie de montrer et pour qui ses effets du « tout-marché mondialisé » sont bénéfiques ou désastreux.

Les dirigeants qui, pour satisfaire les puissants, décidèrent d’appliquer cette théorie n’ont pas vu (ou feint de ne pas voir) les catastrophes qu’elle allait provoquer dans notre monde occidental.

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