Jean-Pierre Dadoune, Ambroise Paré, Éditions Ellipses, 352 pages, 2021, 26 €.
Dans une première partie de 190 pages, cet ouvrage relate en détails les quatre-vingts ans de la vie particulièrement riche d’Ambroise Paré (1510-1590), sa vie aux côtés des rois de France, de François Ier à Henri III, son activité de chirurgien sur les champs de bataille, ses innovations thérapeutiques replacées dans l’histoire plus générale de la chirurgie. Henri II, le roi, fils de François Ier, libère son « chirurgien ordinaire » des geôles de Charles Quint. Paré poursuit alors son ascension professionnelle et sociale comme médecin de Philippe II, puis comme premier chirurgien de François II, avant d’être celui de Charles IX tout en étant victime d’une fracture des deux jambes. Devenu finalement chirurgien de Henri III, il se consacre uniquement à l’écriture.
Ambroise Paré, chirurgien, est reconnu aussi comme écrivain.
Son œuvre est considérable et il écrit en français contrairement à ses prédécesseurs. Par son style, c’est un conteur et un pédagogue soucieux de transmettre son savoir.
Il a contribué à faire mieux connaître l’anatomie, même s’il était un contemporain de l’illustre Vésale. Il a été un novateur se permettant d’écrire sans l’autorisation de la faculté de médecine, à une époque où les médecins contrôlaient tout écrit venant d’un maître du Collège de Saint-Cosme. Il a émancipé ainsi la chirurgie. Il a décrit de nouvelles techniques thérapeutiques en généralisant le procédé de ligature des vaisseaux en cas d’amputation, au lieu de les cautériser. Il a abandonné l’huile bouillante pour soigner les plaies. Il a traité les blessures provenant d’un nouveau type d’armes, les armes à feu, en décrivant le moyen de repérer l’emplacement des balles.
La seconde partie du livre de Jean-Pierre Dadoune concerne, sur plus de 120 pages, des apports moins connus de Paré, notamment sur l’art dentaire et comme médecin des épidémies. Il a examiné des lépreux, une maladie incurable selon lui. Il a écrit aussi sur la syphilis, une maladie nouvelle. D’autres livres sont consacrés à la description des organes génitaux, à la procréation et aux techniques d’accouchement. Paré a décrit des malformations et a cherché à en reconnaître l’origine s’inscrivant ainsi comme un des pionniers de la tératologie. Il a traité aussi de l’utilisation thérapeutique des régimes alimentaires. Enfin son expérience acquise sur les champs de bataille l’a rendu compétent en médecine judiciaire. Bien plus, il s’avère être l’initiateur de la médecine légale.
Ce livre sur Ambroise Paré, particulièrement documenté, conservant des textes originaux, permet d’embrasser la riche personnalité de cet homme de la Renaissance ; au-delà de l’homme de science, il possédait une stature morale, tout en restant simple. Il était cultivé, humaniste, témoin privilégié aussi des événements politiques de son temps, des guerres d’Italie et de religion.
Jacques Gonzales