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DECISION

Une décision est motivée par l’une au moins de trois raisons.

La première, la plus rationnelle et répandue, est l’intérêt (le plus souvent à court terme et parfois à tort.).

Exemple : une firme lance un produit dont les dirigeants savent très bien qu’il est dangereux pour la santé ; mais que sa mise sur le marché rapporte gros.

La seconde raison : le chef se prononce contre l’avis général, pour marquer son autorité.

La troisième : le groupe préfère la routine au changement de ses habitudes ; même quand la plus évidente des logiques la  montre indispensable.

L’expérience de trente ans dans une administration m’a fait découvrir et mesurer la fréquence et la puissance insoupçonnables des deux derniers motifs.

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DEMOCRATIE

La démocratie est fort loin d’être naturelle, car elle est contraire à l’instinct du chef de meute, tout puissant sur la plupart des humains ; ce moteur fondamental est défavorable à la décision collectivement débattue. Le troupeau ne discute pas ; il suit l’animal de tête.

Aussi, du moins en France, les sondages montrent régulièrement une préférence majoritaire pour l’« homme à poigne qui va remettre de l’ordre».

Conséquence : le Parlement est suspect et les parlementaires automatiquement soupçonnés du pire.

En revanche, le bon peuple, ignorant l’expérience des siècles, tend à croire que les tyrans sont intègres et hantés par le seul souci du bien public.

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J’ai observé, plus que souvent, un phénomène déconcertant, au moins pour moi : les mêmes Français, que ne choque pas le salaire mirobolant d’un joueur de ballon, ne supportent pas que les parlementaires reçoivent plus qu’un médiocre traitement, sans proportion avec la difficulté de leur tâche et l’ampleur de leurs responsabilités.

En décembre 2017, un nouveau député déplore avoir beaucoup perdu en revenu et en qualité de vie ; et signale : « Des anciens cadres du privé, qui gagnaient près de 20 000 euros par mois et se retrouvent avec quatre fois moins, se plaignent de travailler beaucoup plus pour gagner beaucoup moins. »

Cet ingénu découvre les méfaits d’une opinion banale : travailler dans le secteur privé donne tous les droits, dont celui d’être largement rétribué, cependant qu’elle juge le contraire pour les agents du Secteur Public, ainsi que pour les élus, représentants de la nation ; j’y vois une preuve de plus du refus inconscient, mais insurmontable, de l’institution démocratique.

J’ai signalé cette anomalie de traitement ; on m’a répliqué : « Il n’avait qu’à ne pas se faire élire ! » Une réponse tellement ahurissante qu’elle me laissa… coi.

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La démocratie représentative a pour objet de déléguer la prise de décision à des spécialistes censés bien informés. Malheureusement, les gouvernants, trop souvent obnubilés par le souci de leur réélection, sont obsédés par les sondages et se contentent chaque fois qu’ils le peuvent de suivre l’opinion, telle qu’elle est informée – ou plutôt manœuvrée – par la presse populaire que possèdent les puissants ; la « com » gouverne !

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Sous le nom officiel de « démocratie » on ne peut observer dans la réalité que des « ploutocraties ». L’argent règne et gouverne.

Toutefois, du point de vue des riches, le fonctionnement de ce régime n’est pas parfait ; il souffre une seule exception, mais d’un effet capital : la règle fondamentale de la démocratie exige des élections périodiques ; et là, parfois, une énorme surprise surprend le pouvoir en place. Il arrive que le « Peuple » désavoue la politique pratiquée par la haute finance. Le « Brexit » en est le cas le plus récent.

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A mes yeux, le régime démocratique se fonde sur une illusion : je ne peux croire que le bon peuple, dit souverain, puisse et doive être la source du Pouvoir ; le bon peuple ne souhaite pas décider, mais obéir ! Il se comporte instinctivement en troupeau : on suit le chef de meute. Sans discuter !

Le bon peuple ne cesse de critiquer le Parlement, car un troupeau n’en a pas !

Cependant, sans craindre d’apparaître contradictoire, je suis un partisan convaincu de la démocratie, car je lui reconnais une vertu capitale : la tenue d’élections périodiques.

On sait depuis la nuit des temps qu’un gouvernant fait tout ce qu’il peut pour demeurer au Pouvoir ; c’est la dérive naturelle. Rien de plus dangereux, car, on le sait aussi, le Pouvoir rend fou. Il est donc indispensable qu’après une dizaine d’années au plus, un politique détenant les rênes de l’Etat soit contraint de céder la place ; au moins provisoirement.

L’alternance est une nécessité capitale.

Or, c’est l’office des scrutins que de remettre en cause le mandat des élus, à intervalles réguliers ; et d’entraîner des changements d’hommes à la tête des équipes publiques.

Le régime représentatif garantit cette précieuse précaution.

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Le problème – difficile à résoudre – de la démocratie est que les ignorants et les imbéciles sont majoritaires.

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La classe politique, c’est mal.

Le peuple souverain ; c’est pire.

Le système représentatif est meilleur que le direct.

Les élus sont bien plus compétents que les électeurs.

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En démocratie, les chefs politiques sont très sensibles à l’opinion publique ; parvenus au pouvoir, ils s’efforcent de la satisfaire, autant que possible, à une exception près mais capitale : il ne faudrait surtout pas toucher aux intérêts des puissants qui financèrent leur élection.

A cette fin électorale, les dirigeants usent au maximum des procédés de la « com » et manipulent tant et plus l’opinion des électeurs.

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DEMOGRAPHIE

Les analystes et commentateurs oublient plus que souvent le facteur démographique dans leurs explications.

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En 1968, je montre à Gaston MONNERVILLE la courbe démographique de la France et lui indique que cette année-là présente un phénomène exceptionnel : l’écart est maximum entre l’âge moyen de la population et celui du droit de vote (21 ans à l’époque.) Et j’ose lui prédire qu’en 1978 la gauche viendra au pouvoir, quand les générations massives de 800.000 naissances d’après-guerre iront aux urnes.

Je me suis trompé de trois ans, car Raymond BARRE fit auparavant une campagne électorale d’un ton vraiment inhabituel. :

« Je ne vous fais aucune promesse, car ce sera très dur ! »

Les électeurs se sont dit : « Pour une fois, nous avons affaire à une candidature  sérieuse. » C’est seulement en 1981 que MITTERRAND fut élu.

Enfin, la courbe démographique annonçait un phénomène contraire :

le retour progressif de la droite, car une population vieillissante devient de plus en plus conservatrice.

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Faut-il s’étonner du priapisme général qui, si l’on en croit le témoignage scandalisé du clergé, agitait les populations médiévales ? Et cela, dura jusqu’au XVIIIème compris. C’est oublier les conditions démographiques : autrefois, on mourait jeune.

Le sexe tourmente un peuple où la majorité a moins de trente ans ; pas un peuple de vieux.

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De 1900 à nos jours, l’espérance de vie, en Occident, est passé de quarante à quatre-vingts ans. En gros, on peut dire qu’elle a doublé.

Un vieux est obsédé par le souci de sa sécurité physique et financière.

Conséquence : ne serait-ce que pour cette raison démographique, Europe et Amérique vieillissantes sont de plus en plus conservatrices. Et ladres.

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En 1969, une sévère épidémie, la grippe dite de Hong Kong tua 35.000 Français en deux mois ; pourtant, elle passa largement inaperçue ; c’est tout juste si la presse de l’époque y fait allusion. Certes, la « télé » de l’époque était censurée et les « réseaux sociaux » ne sévissaient pas encore.

Il est quand même étrange que cette grippe ne soit même pas signalée dans la liste des événements marquants de 1969, consultée sur Wikipédia.

En l’an 2020, le coronavirus provoque une véritable panique : il est l’obsession du Pouvoir ; la hantise de l’opinion…

Plusieurs journalistes relèvent la différence surprenante entre 1969 et 2020 ; pour l’expliquer, ils ne pensent pas l’effet du facteur démographique.

Il y a un siècle, et même plus récemment, en 1969, quand la population comprenait une majorité de jeunes, la mort des vieux apparaissait naturelle et leur survie n’était pas prioritaire.

2020. Une population âgée pense le contraire.

Conséquence : le grippe de Hong Kong n’a pas troublé l’économie. Celle de 2020 est une terrible catastrophe ; une majorité de vieux a jugé normal de sacrifier l’avenir des jeunes, en confinant tout le monde, à commencer par les actifs, car les hôpitaux étaient surchargés de vieillards infectés et qu’il fallait absolument les sauver. L’économie s’effondre : actifs, jeunes et pauvres sont sacrifiés.

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Pour couronner le pire, l’horreur de la dépense, obsession des vieux, avait renforcé la triomphante doctrine « néolibérale du Tout-marché » qui prescrit de restreindre les moyens de l’Etat ; ce double penchant pour l’épargne avait dramatiquement restreint le budget de l’hôpital public. En diminuant le nombre de lits ! Et de plus supprimé tests et masques.

Au lieu de tester l’ensemble de la population et de ne confiner que la faible quantité des personnes déjà infectées, malades ou non, et l’ensemble des plus de 65 ans qui ne travaillent plus – ce qui n’eût en rien suspendu l’activité générale –  il fallut plaire à l’opinion en confinant tout le monde.

On relèvera qu’une lésine économisant 300 millions sur masques et tests provoque une perte économique mille fois plus lourde.

Et l’on aime à dire que « gouverner, c’est prévoir » !

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A mes yeux, le coronavirus actuel pose un crucial problème de choix politique :

Faut-il sacrifier l’économie, aux dépens des actifs, des jeunes et des pauvres ?

Ou sacrifier la survie des vieux ?

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DEREGLEMENT CLIMATIQUE

Les historiens n’ont pas, du moins à la connaissance, insisté sur deux phénomènes de grande conséquence sur l’événement.

Il s’agit de deux changements climatiques.

Le premier : au début de notre ère, la planète connut un réchauffement qui poussa les peuples de l’Est à marcher vers l’Ouest, à la recherche de pâturages humides ; les Barbares envahirent l’Occident et ruinèrent la brillante civilisation de la Pax Romana.

En sens inverse, le second fut un fort refroidissement, qui dura de la fin du XVIIème à celle du XVIIIème ; les famines qu’il provoqua ont sûrement contribué aux révoltes paysannes de la Révolution.

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J’entends beaucoup accuser l’espèce humaine de produire beaucoup trop de co2 et d’être ainsi la cause du réchauffement actuel.

J’aimerais, tout d’abord, entendre évoquer le moteur (sans doute) primordial, c’est-à-dire le caractère purement naturel d’un phénomène sur lequel nous autres humains ne pouvons rien ; ensuite, connaître le pourcentage (si possible) exact qui revient à l’activité humaine dans la dégradation du climat.

Il se pourrait bien qu’il fût assez faible.

Cela dit, je ne cherche pas à fuir la responsabilité humaine, dans la gravité actuelle et future du réchauffement. Est bon à prescrire tout ce qui peut nous épargner le malheur.

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DERIVE

A ma connaissance (mais elle est limitée), nul politologue n’a jusqu’à présent approfondi l’étude d’un phénomène que je juge capital : celui de DERIVE ; je dis capital, car il affecte toutes les institutions.

Par « dérive » j’entends une corruption progressive qui atteint toute institution ou régime, et l’éloigne de son principe initial.

Exemple : de siècle en siècle, il fallut réformer les monastères ; s’il est pourtant une institution d’un éminent sérieux, c’est bien celle-là. Officiellement, dans un couvent, il n’est d’autre souci que de plaire à Dieu ; or, quoique sacrée, la règle des réguliers s’y relâchait peu à peu, s’assouplissait,

était tournée, parfois même oubliée…

Les forces vitales et sociales, sans cesse à l’œuvre, déforment peu à peu tout édifice collectif, quel qu’il soit.

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Il est dans la nature du Pouvoir de changer et de se transformer. Quasiment toujours, il évolue mécaniquement dans le même sens.

MONTESQUIEU après ARISTOTE en a bien identifié l’irrésistible moteur : « Tout pouvoir tend à abuser du pouvoir » ; autrement dit, les puissants se servent de leur puissance pour accroître leur puissance. L’instinct de domination et d’impérialisme l’emporte. La nature du Pouvoir comporte cet instinct.

Le seul cas où un changement se dirige dans l’autre sens résulte non pas du cours automatique de l’évolution naturelle, mais d’une très consciente volonté politique de réforme, précisément opposée à la dérive automatique.

Une telle amélioration réfléchie est rare, car elle résulte le plus souvent d’une révolte ou surtout d’une révolution qui ruine le régime établi.

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 Que de fois, la presse nous informe que, dans tel ou tel pays, le chef au Pouvoir depuis dix à trente ans a progressivement verrouillé la vie politique. Devant une aussi fréquente « dérive », chaque fois orientée dans le même sens, et donc facile à prévoir, ne faut-il pas simplement comprendre que s’applique encore et encore la loi « Tout pouvoir abuse du pouvoir ? » Et anticiper, sinon empêcher, son effet.

Et surtout, quand l’occasion (rare) se présente de réformer la Constitution, il serait judicieux d’y inscrire des règles limitant le nombre de cumuls successifs.

On observe souvent que, tout au contraire, le despote finit par abolir un frein aussi fâcheux.

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Dérive politique. POLYBE aurait écrit sur ce phénomène. A vérifier.

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Dès qu’une thèse rassemble du monde, se présente au plus vite  quelqu’un pour en prendre la tête.

Bientôt on n’entend plus que lui : il parle très fort pour se faire entendre, autant dire connaître : il simplifie, il grossit, il appauvrit, il défigure ce qu’il prône ; on entend beaucoup plus parler de ce candidat que de ce qu’il prétend défendre.

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Toute institution est soumise à la loi de la dérive : peu à peu elle dévie de son projet initial ; ses principes se corrompent, sa morale s’atténue et se pervertit ; les candidats aux postes de commandement se livrent à l’inévitable guerre des EGO ; les violents usent de la force pour l’emporter… Après un siècle ou deux , on ne reconnaît plus grand-chose de la figure originale. Ni des motifs impérieusement raisonnables qui la firent se constituer.

Le fanatisme croissant de certains mouvements politiques les assimile peu à peu à des sectes. Au-delà d’un certain degré de foi, l’adhésion aux théories laïques rationnelles relève du même esprit de croyance que s’il était attaché à un dogme pieux.

On n’entend plus que ceux qui parlent haut et fort, pour faire parler d’eux-mêmes et, qui, pour se faire entendre des masses, réduisent la thèse en slogans simplistes. Ce grossier résumé répond au tout-puissant, car instinctif, « besoin de croire », qui domine tout un chacun.

Il me semble que, ces temps-ci, des mouvements tels que féminisme, écologie et anticolonialisme succombent à cette loi.

A ce sujet, peut-on imaginer dérive historique plus spectaculaire que celle du christianisme ? Partant de la morale foncièrement altruiste et généreuse de Jésus, cette foi aboutit après quelques siècles aux bûchers d’incroyants, comme aussi au fameux : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! »

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Il y a fort longtemps, les bergers s’aperçurent que le porc donne le ténia ; il était intelligent de le proscrire ; après un ou deux millénaires, la précaution judicieuse s’est changée et durcie en interdit religieux.

Les musiciens observent un procédé efficace ; ils le recommandent ; la recette peu à peu s’impose en règle. Après deux siècles, elle est intangible. Qui s’en écarte est vu comme un dangereux anarchiste.

Peu à peu, inévitablement, le raisonnable expérimental se sacralise en dogme.

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DESPOTISME

Le régime du Pouvoir à deux formes officiellement contraires : la dictature et la démocratie.

La différence est plus dans l’apparence que dans la réalité.

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Le despote ne se cache pas ; en pleine carté, il règne pas la terreur : il censure sans pitié, il fusille les opposants… Ses moyens sont violents et expéditifs.

En comparaison, le régime démocratique est moins critiquable : en apparence ; mais il n’est pas tout ce qu’il paraît : en réalité, il dissimule une constitutive phallocratie ; l’argent gouverne. La toute puissante fortune ne se montre pas au premier plan. : habilement cachée derrière un noble décor, la richesse au pouvoir est en mesure d’acheter tout ce qui est achetable, dont les consciences ; ce qu’elle ne manque pas de faire ; pas au grand jour, toujours en secret.

Les gouvernants démocratiques n’ont pas besoin de régner par la terreur ; leurs richissimes patrons se sont emparés de tous les moyens d’information. Ils ont accaparé la presse populaire, ce qui revient à museler les opposants, en les privant d’une vraie tribune. Cette forme de censure est invisible. La « communication », qui est une propagande camouflée, manœuvre les esprits et oriente l’opinion dans le bons sens…

Sans nul besoin d’être extrêmes, les moyens des démocraties sont tout autant efficaces que ceux des dictatures. Le résultat est le même : qui est au pouvoir demeure au pouvoir.

Le seul vrai avantage de la démocratie est d’organiser des élections périodiques ; on sait que le Pouvoir rend fou. D’être contraint de laisser la place à autrui (le plus souvent du même parti), élimine à coup sûr un gouvernant, avant qu’il soit trop tard pour sa santé d’esprit.

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Le despotisme est une dictature dure. La démocratie est une dictature douce.

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Un dictateur (à la FRANCO) que la paix obsède et qui fait tout pour la préserver est infiniment préférable, car moins dangereux,

qu’un dictateur fou de guerre, tel qu’un HITLER.

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DETTE  SOUVERAINE

L’opinion confond public et privé ; elle est persuadée que le budget de l’Etat est « comme » un budget individuel ; la seule différence serait qu’il est beaucoup plus gros.

L’Etat emprunte beaucoup ; donc l’opinion agite le problème du remboursement, par pure analogie avec la règle qui s’impose à tout un chacun : en bon père de famille, il faut rembourser ses dettes. Et pour ce faire, le brave homme est, de toute évidence, forcé de se serrer la ceinture ; bon gré, mal gré, il économise tant et plus sur ses dépenses.

Cette image naturelle de l’emprunt « à rembourser » est confirmée au plus haut des gouvernants : « La dette COVID ne sera pas annulée. » affirme Christine LAGARDE, Présidente de la Banque centrale européenne (BCE) « Une telle solution est inenvisageable », car elle violerait le « traité européen qui interdit strictement le financement monétaire des Etats. »

Comme Mme LAGARDE, la plupart des d’hommes politiques savent jouer de ce registre naturel de l’inévitable similitude des emprunts…

Par conséquent, la doctrine la plus répandue prêche pour l’austérité : afin de soulager le budget, la priorité est d’en diminuer les charges. Et déjà pour commencer, il faut réduire le nombre de fonctionnaires ; ainsi que le montant des subventions sociales… On observera qu’en revanche, il n’est jamais question de réformer le système fiscal, pour percevoir un supplément budgétaire, en réduisant les privilèges des grandes fortunes.

Peut-être est-il (?) d’autres hommes politiques, qui expliquent que les choses ne se passent pas exactement comme le croit le public. Ou comme on lui fait croire.

Malgré ce qu’affirme « officiellement » sa présidente LAGARDE, la Banque centrale européenne (BCE) intervient massivement en sens inverse de ce que l’on suppose : en réalité, elle rachète les dettes « souveraines » des Etats, en faisant « tourner la planche à billets ». Cependant, elle ne procède pas à des achats directs aux Etats, car elle violerait son statut ; elle le contourne habilement : primo, des investisseurs privés achètent les dettes des Etats ; secundo, ils les revendent sans délai à la BCE.

La BCE procède ainsi depuis 2015. Le résultat est que les Etats empruntent sur les marchés à taux négatif ! Et que les dettes sont indéfiniment renouvelées ! Car, chaque fois qu’une dette arrive à échéance, un Etat la rembourse en empruntant la même somme ; il contracte une dette nouvelle que lui rachète ensuite la BCE.

Tant que dure ce stratagème… Pour l’instant, il dure.

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Il y a près de deux décennies, le F.M.I. et la Bundesbank – deux institutions dont on voudra bien m’accorder qu’elles n’ont rien de bolchevique – ont proposé une solution originale pour réduire sérieusement, sinon apurer, les dettes nationales.

Il s’agissait d’opérer un prélèvement exceptionnel de 10 % sur toutes les grandes fortunes ; je fus d’autant plus attentif à cette suggestion, qu’auparavant j’avais moi-même soumis à plusieurs de mes amis l’idée d’un prélèvement comparable, mais de 5 %, sur l’ensemble des patrimoines.

Où pensez-vous que j’aie appris les 10 % en question ? En première page du journal « Le Monde » ? Pas du tout ! Elle était perdue au sein d’un article, vers la page 15 ou 16 ; moralement obligé de soutenir sa réputation mondiale d’impartialité, ce quotidien livrait l’information, mais dissimulée dans les pages économiques bien moins lues.

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C’est dans des conditions de cache aussi déplorables, qu’il y a nombre d’années, « Le Monde » a fait connaître (si j’ose dire) qu’une agence de notation de premier plan était condamnée par la justice, pour collusion avec les milieux boursiers spéculatifs.

Dégrader la note d’un pays tel que la Grèce, c’est aussitôt insister sur le danger de remboursement de sa dette souveraine ; et donc donner aux « marchés » un prétexte pour prêter à des taux plus élevés. La dette s’en trouve augmentée, et donc également son danger ; un « cercle vicieux » qui met les marchés en mesure de gagner des milliards.

Il faut être bien naïf pour croire que des complicités aussi rentables entre agences et marchés soient impossibles.

N’étant pas aveugle, la justice avait sévi ; mais il ne fallait surtout pas que le public en fût informé !

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DOGMES, PRINCIPES et DOCTRINES.

Pas de communauté sans croyances communes ; elles sont indispensables à sa cohésion : elles la soudent.

Il est prépondérant : il est le bien imaginaire que les membres du groupe ont en partage, pour se ressentir comme parties d’un même ensemble ; le fiduciaire agglomère et cimente la collectivité ; il en manifeste l’existence sociale.

En politique, le dogme est initial ; il prime l’expérience, qui est observable après et généralement ne prévaut pas. Que l’événement montre l’absurdité d’une persuasion est sans conséquence sur la foi en cause ; quand bien même le respect du dogme entraîna un désastre, le dogme survivra et continuera longtemps à s’imposer.

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Idéologies, dogmes et principes expriment le plus souvent des instincts naturels, mais jamais regardés comme tels. Et même au contraire, on leur impute une origine prestigieuse.

Dans un troupeau, tous les animaux sont pareils, se comportent de la même façon et ne changent jamais leur façon de faire.

Aussi, tout être humain qui diffère est distingué et considéré avec surprise et souvent avec méfiance. La grégarité de notre espèce impose son effet, le refus du dissemblable, sans que nous en soupçonnions l’origine.

Tous les samedis, dans un brocante, un chineur original soulevait une grande curiosité, car il arborait chaque fois un costume singulier, jamais le même, quoique toujours à la mode d’un gentilhomme du XIXème siècle : moustaches en crocs, gilets brodés, bottes étincelantes…  Les regards du public trahissaient une manière de mépris réprobateur pour une telle singularité…

Voilà qui n’a rien de grave ; ce n’est pas toujours le cas. D’ordinaire, la majorité refuse, exclut, voire élimine les minorités.

Les enfants cèdent tranquillement à l’instinct ; il vaut mieux ne pas être rouquin dans une école où dominent les bronzés. Le malheureux se fait rosser dans la cour de récréation.

Un exemple frappant d’instinct, idéologiquement façonné, est le racisme. J’ai beau refuser pour moi-même ce que je considère comme un préjugé primitif, né d’une pulsion instinctive, j’ai plusieurs fois constaté que, pourtant et malgré moi, j’en subissais la loi animale.

Chaque fois que je rencontre une femme voilée à la musulmane, et donc arabe, j’éprouve d’emblée une sorte de gêne ; que je chasse aussitôt ; mais, en dépit de mes « idées », le sentiment instinctif s’est bien produit.

Une « sang mêlé » de mes amies rejoint une équipe d’ouvriers composée de deux noirs et d’un blanc ; c’est à lui qu’elle s’adresse. Or le chef était l’un des deux noirs ; choquée, elle me conte cet exemple de racisme instinctif et inconscient, l’affectant elle aussi, une « métisse » !

Que de fois, devant un groupe de noirs, de jaunes ou d’arabes, ai-je entendu le même refrain : « Ces gens-là ne sont pas comme nous ! ». A quoi, je réplique : « Vous n’émettez pas une opinion ; vous poussez un grognement animal ! »

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Un dogme a souvent pour objet de condamner une pratique. Et pour effet de culpabiliser. Il constitue donc une très efficace arme politique.

Il est plus facile de gouverner des sujets qui se sentent en danger de faute et craignent d’être pris en flagrant délit. Les insécures sont affaiblis.

La Loi désigne donc des coupables potentiels.

Pour se durcir en dogme indiscutable, toute théorie accuse des malfaiteurs : de nos jours, les écologistes ne cessent de dénoncer nos consommations excessives. Jadis, le christianisme mit en avant le sexe, avec le succès que l’on connaît.

Aussi les partisans d’un dogme ne le prônent pas n’importe comment. Le plus souvent, ils s’en servent pour accuser autrui ; pour eux l’avantage est qu’un coupable est affaibli. (C’est pourquoi les chefs politiques de tout temps favorisent les religions, car elles les mettent en mesure de dominer plus facilement leurs sujets.)

De nos jours, on observe que les doctrines à la mode n’ont pas la  sérénité des théories scientifiques : elles sont virulentes et suscitent des débats acharnés. Exemple : au sujet du réchauffement climatique, les écologistes font systématiquement le silence sur la part naturelle du phénomène (qu’expliquent fort bien les hommes de science), pour en rendre responsable l’homme et uniquement l’homme ; ce faisant, ils culpabilisent tant et plus. Alors, il se sentent forts dans leur dogme prioritaire, exactement comme un croyant dans sa foi religieuse.

Il en est de même d’autres thèses : ainsi, les anticolonialistes forcenés accusent les hommes actuels de crimes commis dans le passé.

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Des siècles durant, le bon peuple européen a cru à la monarchie « de droit divin » ; il n’y croit plus guère. De nos jours, il se fie plutôt au « néo-libéralisme du Tout-marché mondialisé ». Un dogme remplace un dogme.

Un point est sûr : dans les deux cas, la croyance assure la même fonction, qui est de défendre l’ordre établi ; elle le légitime.

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En gros, deux systèmes économiques s’opposent actuellement, justifiés par deux doctrines : capitalisme et communisme.

Si, pour les évaluer l’on choisit le critère du rendement : le capitalisme est supérieur au communisme. Un producteur alléché par le profit est plus efficace qu’un fonctionnaire toujours également rétribué, qu’il soit zélé ou nonchalant. L’appât du gain est un puissant aiguillon.

Si l’on choisit le critère de la qualité et surtout de l’innocuité, le capitalisme est dangereux, car pressé par la concurrence, un producteur est tenté non seulement de baisser son prix en baissant la qualité, mais surtout d’utiliser secrètement des composants dangereux qui favorisent rendement et conservation. Dans le système économique libéral, un fabriquant combine trop souvent la camelote et l’arnaque.

Un fonctionnaire, lui, n’a pas tendance à stimuler l’action, mais plutôt à la ralentir en la compliquant. Toutefois, même insoucieux du bien public, il a cette supériorité de ne pas chercher à tricher pour gagner un peu plus.

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En résumé.

Le communisme n’a pas d’accélérateur. Le capitalisme n’a pas de frein.

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 « Laissez faire, laissez passer ! » est une bonne règle. Oui, mais surveillée par un gendarme.

Le capitalisme doit être contrôlé. La théorie économique de Milton FRIEDMAN, qui s’oppose vivement à toute intervention de l’Etat, institue  un capitalisme sauvage. On en voit actuellement les effets désastreux.

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Le néo-libéralisme de Milton FRIEDMAN proscrit toute intervention de l’Etat, dans le domaine économique. Cet économiste a séduit une multitude d’entrepreneurs à l’esprit marchand ; on croit les entendre sur le pas de la porte du magasin : « Je sais très bien ce que je fais, et je le fais très bien. Que les fonctionnaires, qui n’y connaissent rien, ne se mêlent pas de me donner des conseils incompétents !»

Comme s’il n’y avait pas la moindre marge entre le dirigisme le plus absolu et la plus totale abstention.

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Il est frappant de constater le cas d’une doctrine dont les effets se retournent contre son auteur.

En prônant le « tout-marché mondialisé » d’un capitalisme dépourvu de contrôle d’Etat, Milton FRIEDMAN, un Américain, a travaillé contre son propre pays, les Etats-Unis, et cela au bénéfice du principal adversaire économique, la Chine, grandement favorisée par un commerce libre de toute entrave.

Les Américains se sont rués sur le « made in China » bon marché, au détriment de leurs producteurs locaux dont les prix étaient plus élevés.

Et la Chine s’est prodigieusement enrichie, aux dépens de l’Amérique !

Un Américain a systématiquement affaibli l’Amérique, au profit de la Chine concurrente.

Autre échec : il ne s’est par rendu compte qu’il offrait à la Chine la merveilleuse occasion de souligner que son succès économique « prouvait » la supériorité de la doctrine communiste !

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Le marxisme, dans sa version communiste, officiellement revue et appliquée, a échoué. (En Occident, mais pas en Chine, un milliard quatre cent mille habitants !) La théorie initiale, celle de Marx, quoiqu’elle propose une analyse sociale partiellement exacte (car vérifiable), n’est pas une recette efficace de gouvernement ; étant plus philosophique que dogmatique, sa mise en pratique exigerait que des élites de l’esprit s’en chargent ; or, les esprits supérieurs doutent et réfléchissent. Ils ne sont pas bons pour les réalités brutales et cruelles de la politique.

Le marxisme de MARX est trop complexe. Comme mot d’ordre pour l’action, il ne convient pas. LENINE, STALINE et MAO lui ont substitué une doctrine simplifiée et efficace.

Dans le même ordre d’idées, l’Islam est très supérieur au marxisme, car une croyance franchement religieuse est, par statut, hors discussion et donc beaucoup mieux adaptée aux individus de cerveau faible et crédule, dont les chefs du Djihad ont besoin, quand ils recrutent leurs bataillons de partisans.

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La fin du communisme en U.R.S.S. a signé la mort du « marxisme » revu et corrigé par STALINE. Mais elle n’a pas ruiné le bien-fondé des analyses de MARX. Ne confondons pas : la fin du régime soviétique n’a pas aboli la lutte des classes ! En outre, un milliard quatre cents millions de Chinois sont encore officiellement communistes. (Ils en ont gardé l’importance du rôle de l’Etat.)

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Quelle que soit la doctrine officielle en vigueur, les luttes de pouvoir dominent en fait la vie politique. Au premier rang, sous le masque de la vertu, guerroient les candidats-chefs. A l’instar de mainte doctrine, le socialisme, dit « scientifique », a beaucoup pâti, lui aussi, de la lutte des EGO.

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Une manœuvre particulièrement habile est d’invoquer un principe, en feignant d’ignorer (ou en jugeant d’intérêt secondaire) le résultat prévisible de son application. Par exemple, le principe de l’EGALITE entre citoyens sert surtout à consentir les mêmes subventions aux riches qu’aux pauvres. Ou à imposer aux pauvres une taxe qui serait moins contestable, exigée des seuls riches.

Il en est de même pour les drogues. Les interdire n’empêche en rien leur succès, et confie leur commerce à la Mafia.

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Au Sénat, en 1975, G. CAILLAVET discute devant moi avec E. BONNEFOUS, Président de la Commission des Finances ; CAILLAVET se réfère d’abord à l’exemple de la taxe (parafiscale) radio supprimée, quelques années auparavant, car elle rapportait moins qu’elle ne coûtait à percevoir ; et il propose, mais en invoquant un autre motif, de supprimer pareillement la redevance de télévision ; les Français répugnant à l’acquitter, le Gouvernement hésite à augmenter son taux, (qualifié de « prix politique » ultra-sensible) proportionnellement à celui de l’inflation ; aussi le service public, à qui la recette est affectée, reçoit des moyens insuffisants pour remplir sa mission. Pourquoi ne pas supprimer la taxe en question et prélever les ressources de remplacement sur le budget national alimenté par les impôts ? Cette mesure aurait l’avantage de faire contribuer les riches plus que les pauvres.

E.B. qui est milliardaire, réplique : « Je ne vois pas de raison pour payer plus que ma concierge ! » La proposition de CALLAVET est écartée.

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Les esprits simplistes, hélas en grand nombre, ne connaissent que l’absolu des solutions extrêmes ; ils ne savent pas concevoir de nuances ; à les entendre, il faudrait croire que n’existe aucune solution intermédiaire entre la tyrannie de l’Etat totalitaire et la liberté sans restriction du Tout-Marché.

Il faudrait choisir ou le communisme stalinien le plus pur ou le désordre impitoyable du néo-libéralisme le plus sauvage.

Les petits enfants ont peur des ogres ; les adultes ont peur des bolcheviques.

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Les puissances financières ont réussi à mettre la main sur les théoriciens de l’Economie politique ; elles sont en passe d’en faire autant sur les hommes de science, dès qu’ils s’avisent malencontreusement de mettre en cause les intérêts des grandes sociétés. Les savants secrètement corrompus profèrent solennellement, au nom de la Science, les contrevérités les plus dangereuses pour la santé publique.

Les campagnes de presse se chargent de vanter les savants complaisants et de dénigrer les autres.

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Conservateur ? Oui.

Mais pourquoi faudrait-il TOUT conserver ?

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Dans les milieux « chic », il est d’usage et de bon ton d’être conservateur. Et mieux encore réactionnaire. Seuls les malappris contestent.

Les officier qui condamnèrent Dreyfus étaient, tout à la fois, antisémites, catholiques pratiquants et vieux jeu en matière de doctrine militaire. Ils préféraient la cavalerie à l’artillerie ; on parade à cheval, pas sur un canon.

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Osons un rapprochement inattendu : en refusant de reconstruire les Tuileries, les bourgeois vainqueurs des Communards ont idéologiquement donné raison à leurs victimes ; les uns et les autres se sont accordés pour juger que le palais incendié symbolisait un régime détestable.

Les Républicains ont rebâti les autres édifices, dont l’Hôtel de Ville, en imitant leur style ancien ; c’était comme effacer le temps de la Commune, la rayer de l’Histoire…

STALINE procéda de la même façon ; tout fut reconstruit, de la ville de St-Pétersbourg et des palais tsaristes, comme si Hitler n’avait pas existé, et donc que les méprisables ordres de ce vaincu avaient été inefficaces ; visuellement, il n’était plus trace de ses forfaits ; tout était nié, oublié… L’épisode de l’invasion nazie n’avait pas eu lieu.

Malheureusement pour les Tuileries, bourgeois et communards sont (implicitement mais objectivement) tombés d’accord pour anéantir un souvenir grandiose de la monarchie royale et impériale.

Chaque fois ou presque que j’évoque l’hypothèse de reconstruire ce palais, j’ai droit à la même étrange réponse : « Surtout pas ! Cela détruirait la perspective du Louvre à l’Arc de Triomphe ! » Or, justement, c’est sur l’axe des Tuileries que cette perspective fut conçue et non sur celui, assez dévié, du Louvre. De sorte que, depuis cent cinquante ans, se révèle le désordre disgracieux des formes.

Je ne sais qui inventa cette réplique, sans cesse rabâchée par des esprits paresseux qui se contentent de répéter.

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Si la plupart des automobilistes étaient multimilliardaires, ils auraient depuis longtemps fait abolir le « code de la route ».

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Ce que je condamnais dans le machisme, me voici maintenant forcé d’en accuser le féminisme : là aussi, l’oubli du sens de la mesure entraîne une dérive vers les thèses exagérées. Comme toujours, on entend surtout qui crie le plus fort, en simplifiant grossièrement une thèse initialement juste, mais de plus en plus déformée, au point que ses excès la rendent méconnaissable.

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Les dogmes gardent leur puissance, même quand l’expérience a depuis longtemps montré leur absurdité.

Quand je mets en doute quoi que ce soit de l’actuel ordre établi , j’ai l’impression d’être en 1788 et d’oser contester un usage sacrosaint de l’époque, quoique catastrophique pour les paysans, soit 80 % de la population. La chasse leur était interdite, car exclusivement réservée à la noblesse. Qui posait clandestinement des pièges ou des lacets commettait le crime de braconnage ; pris sur le fait, tout braconnier était pendu.

Dans ce passé que j’imagine, je propose de réformer le système pénal et d’accorder le droit de chasse à tout le monde sans exception. Je crois entendre protester : « Vous ne manquez pas d’audace ! Quelle inconséquence ! Ruiner un ordre millénaire ! »

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 « Le soleil tourne autour de la terre. » : cela est de l’idéologie.

« La terre tourne autour du soleil. » : cela est de la science.

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DROGUE

Un des traitements politico-juridiques les plus aberrants est celui des drogues.

Des siècles de dolorisme chrétien et de culte de la tempérance font voir le plaisir des hallucinogènes comme moralement répréhensible. Donc, il faut l’interdire.

Une exception caractéristique : les boissons alcooliques ; surtout le vin. Quoique l’ivresse soit dangereuse, ce breuvage est favorisé, car, rituellement consacré, c’est le sang du Christ.

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Les drogues sont donc interdites. Résultat ? Il est catastrophique ! Doublement catastrophique.

Primo : interdire l’usage d’une drogue en réduit peu la consommation.

Secundo : le commerce des drogues est alors confié en monopole à la Mafia.

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Quand on est – cela arrive ! – exceptionnellement rationnel, on n’applique pas un principe, sans regarder aux résultats de sa mise en œuvre. La conclusion doit tenir compte de l’expérience.

Quoi de plus concluant que celle de la célèbre Prohibition américaine ?

De 1920 à 1933, les Etats-Unis interdisent, à l’échelle nationale, la fabrication, le transport, la vente, l’importation et l’exportation – bref la consommation – des boissons alcoolisées.

Quantité de ligues chrétiennes avaient lancé des campagnes virulentes pour exiger ce tabou ; soutenues par les plus intolérants des mouvements conservateurs ; même le Ku Klux Klan s’était signalé en faveur de la prohibition…  Toutefois, il faut aussi reconnaître qu’à l’époque les violences conjugales n’étaient pas rares : les femmes n’avaient pas tort de souligner que les maris alcooliques sont odieux avec leur épouse.

Un trait plaisant : comme il est impossible de célébrer une messe catholique sans fabriquer du vin de messe, le Président HARDING fut obligé de rassurer l’Eglise ; et aussi le Vatican !

Une fois la mesure appliquée partout aux U.S.A., les bandes criminelles s’empressèrent de produire clandestinement des alcools, le plus souvent frelatés et médicalement dangereux pour le système nerveux.

On sait que la prohibition fit la fortune (une immense fortune) des « ténors du crime organisé », dont Al Capone est le plus célèbre. Bref, échec complet.

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L’expérience ne convainc jamais les esprits bornés.

Aussi les drogues continuent d’être interdites, dans la grande plupart des pays.

Le MEXIQUE est sans doute l’exemple le plus tristement célèbre des effets effroyables de cet interdit : là-bas, la Mafia y achète tout pouvoir.  Le Gouvernement est très largement corrompu ; ainsi que la police.

On découvre que, dans leurs laboratoires clandestins, les cartels fabriquent à grande échelle des drogues de synthèse ultra-dangereuses, telles que le « fentanyl », qui tue 30 000 personnes chaque année aux Etats-Unis. Sans parler des victimes de chantage et de règlement de compte que multiplient les rivalités entre pourvoyeurs.

Tout journaliste qui, bravant les menaces de mort, enquête au Mexique sur les liens entre la classe politique et les criminels de la drogue est systématiquement assassiné. Qu’importe ! Il n’est surtout pas question de renoncer à une morale stupide, contreproductive et finalement criminelle.

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Une solution ? Passer du clandestin au grand jour, car il est contrôlable.

A mon sens, il appartient à l’Etat de produire les drogues (à la façon dont en France il se réservait le tabac.)

Les vendeurs officiellement agréés seraient alors en mesure de faire connaître tous les dangers de l’addiction (comme cela se fait pour l’alcool), contrairement aux clandestins qui se gardent de les révéler.

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Et, bien entendu, pour cause d’évidente similitude, doit être transposé contre le danger des drogues, le régime juridique réprimant les délits commis « sous l’empire d’un état alcoolique ».

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Cela dit, il faudra imaginer un revenu de substitution, pour tous les « dealers » banlieusards qui ne vivent que du trafic de la drogue. La supprimer risque de provoquer une révolte générale des « ghettos » musulmans.

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DROIT et LOI.

Petite plaisanterie : si le Droit coïncidait avec le simple bon sens, les juristes seraient inutiles.

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Je me suis souvent étonné qu’un juriste refusât de raisonner pour comparer le principe qu’il prône et l’expérience qui en résulte ; de même, qu’il ne tînt pas compte de la différence des mœurs selon l’époque… Je finis par comprendre que pour lui, une règle juridique relève de l’Ecriture sainte. Il la surévalue…

Maint juriste sacralise le Droit, en lui adjugeant le caractère solennel et intouchable d’un dogme religieux ; un Code est inscrit sur les Tables de la Loi, comme si Dieu l’avait dicté à MOÏSE.

Exemple : tel délai de prescription de vingt ans était raisonnable jadis, quand la vie était courte : les témoins disparaissaient rapidement. Alors que, de nos jours, la moyenne d’âge approche les quatre-vingts ans, et qu’il est devenu impossible de bouger sans partout laisser des traces ; il faudrait donc allonger le délai. Mais…

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Pour maint juriste, rien n’importe autant que la qualification des faits, selon les entités du Droit en vigueur. Exemple : à l’en croire, l’esclavage n’existe plus. Car les définitions traditionnelles ne s’appliquent pas aux types de servitudes que l’on peut observer de nos jours. Peut lui chaut que les victimes soient férocement exploitées et que, privées de leurs papiers, elles ne soient pas en mesure de se défendre ni d’exercer le moindre recours ; il se refuse à voir que, maintenues par la force dans un statut de non-existence, elles sont, non pas juridiquement, mais dans les faits, soumises à un régime en tout semblable à celui des esclaves traditionnels.

Le Droit, seulement le Droit !

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Nombre de lois prévoient des pénalités financières. Le point délicat est que le montant fixé par la loi initiale demeure inchangé durant des décennies ; compte tenu de l’inflation, l’amende finit par être entièrement négligeable.

C’était le cas pour les monuments historiques : un demi-siècle durant, tout destructeur était condamné à peu ; aussi personne ne se gênait.

Un ministre annonça qu’il entendait appliquer une autre peine prévue par la loi, quoique jamais appliquée : le reconstruction « « in integrum » de l’édifice ; seule cette menace, horriblement coûteuse, stoppa la ruine du patrimoine.

A mon sens, lors du débat annuel du budget, un projet de loi spécial devrait actualiser le montant de toutes les amandes légales. Interdire serait alors – et enfin – suivi d’effet.

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Le législateur est tellement imbu de préjugés d’origine religieuse (le dolorisme chrétien, par exemple), que le juge, appliquant la loi, condamne parfois presque aussi sévèrement la possession de cinq cents grammes de cannabis que la conduite automobile « sous l’empire d’un état alcoolique » ; le châtiment des délits est l’inverse de ce qu’exigerait la proportion comparée de leurs dégâts.

Sur ce sujet, osons un rien de logique : on observe que la répression n’empêche pas la consommation des drogues ; tout au contraire, elle explose.

Puisque cette police s’avère inefficace, elle n’a aucun sens ; elle est inutile et stupide.

Soyons net : l’interdiction favorise avant tout la Mafia, à qui la loi confie un commerce aussi florissant pour elle qu’il est désastreux pour le reste du monde ; on ne compte plus les assassinats un peu partout ; les banquiers, les yeux fermés, blanchissent l’argent sale ; les gouvernants sont corrompus ; la police perd son temps à courir les petits revendeurs – les « dealers » – au lieu de concentrer ses efforts sur les trafics et crimes beaucoup plus graves des autres banditismes…

Le résultat de la loi répressive est donc le comble de l’irrationnel. Rien de plus connu. Pourtant, au nom de principes sacro-saints, l’absurde continue : tout imbécile qu’elle se montre, l’interdiction subsiste. Encore et toujours, pour le plus grand profit des « parrains ».

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On finit par se demander si, derrière le décor d’apparence du Pouvoir, la Mafia n’est pas aux commandes, manœuvrant en secret politiques et policiers.

La logique finissant malgré tout à l’emporter, de plus en plus de gouvernements adoucissent ou abolissent la répression frappant l’usage des drogues dites « douces ».

Toutefois, butés dans leurs convictions, les esprits conservateurs continuent, contre l’expérience, d’affirmer que le « doux » conduit inévitablement au « dur ».

Les mêmes esprits déplorent que la loi soit de moins en moins coercitive ; un scandale ! Qu’elle devienne toujours plus permissive leur est un symptôme patent de décadence morale. Ils ne manquent pas de relever que la liste des interdictions ne cesse de se raccourcir.

Ils ne soupçonnent pas une seconde que la Mafia a tout intérêt à leur souffler des slogans aussi vertueux.

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Quand le législateur pose une règle de droit, destinée à réprimer un comportement répréhensible, il doit garder à l’esprit que, s’il en assure désormais le châtiment, il rend possibles et facilite en même temps les dénonciations calomnieuses.

C’est bien ce risque que l’on observe, quand s’élaborent certaines innovations du Code Pénal. Car il n’est pas aisé, dans tous les cas, d’être en état de juger sur faits avérés. La difficulté cruciale est dans la preuve.

Quand les faits sont anciens, gare aux imposteurs…

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Dans tout pays, quand les conservateurs sont plus souvent au pouvoir que les progressistes, la majorité des juges composant la Cour suprême se prononce quasiment toujours en faveur du conservatisme. Ce qui renforce encore plus le pouvoir de la faction au pouvoir.

Il suffit parfois de la mort rapprochée de deux juges, pour inverser le sens des décisions.

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En France, comme un peu partout ailleurs, la justice est faite pour les riches : les avocats coûtent cher et les juges mettent des années à juger ; dans les faits, un pauvre n’a pas les moyens d’intenter un procès.

Qui vole une bricole va en prison ; qui vole des milliards y échappe ; ce privilégié rétribue un bataillon de conseillers juridiques qui saisissent toute occasion de retarder le procès. Et juridiquement, les prétextes ne manquent pas !

Evoquant le procès du PDG G…, que les magistrats japonais n’hésitèrent pas à mettre en détention, un juriste français se déclara choqué que « l’on soit jeté en prison pour un délit financier. »

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En outre, les politiques sont traités avec indulgence par le Parquet : des années traînent avant l’ouverture d’une enquête ; puis le jugement attend encore des années…

C’est pour s’assurer une telle faveur que le Pouvoir tient tellement à choisir et nommer les plus hauts magistrats, tout en prônant et promettant sans fin une réelle indépendance de la Justice.

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Les délits sont prescrits après un délai fixé par la loi ; certains délais gagneraient à être allongés.

Pour les crimes, il est de vingt ans. En 1800, ce délai était raisonnable ; la moyenne d’âge étant aux alentours de quarante ans, il était sûr que passé deux décennies, une bonne part des contemporains (par exemple) d’un assassinat avaient disparu. Impossible de recueillir un témoignage, de déceler un fait probant, de trouver le moindre indice…

Ce n’est plus du tout le cas de nos jours, pour nous qui vivons bien plus longtemps que nos ancêtres. Et qui, d’une façon ou d’une autre, laissons des traces partout ; nous ne pouvons pas faire un pas, sans être connu d’une foule de gens, membre de plusieurs associations, photographié quelque part, consigné sur quatre registres administratifs, et désormais enregistré par une dizaine de systèmes informatiques…

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Le Droit est censé protéger. Surtout le faible contre le fort.

En principe. Mais en réalité ? Les juristes en ont fait du Droit un champ encombré de juridismes techniques tellement compliqués que seuls les experts chevronnés s’y retrouvent : dans la décision du juge, la ressemblance du cas avec quelque « précédent » l’emporte alors sur toute autre raison. Mais il arrive qu’un juge d’appel se réfère à une autre ressemblance… Et que le tribunal suprême en invoque encore une autre…

Dans les faits, le Droit protège surtout les puissants ; car eux seuls ont les moyens de se payer une troupe d’avocats, qui multiplient les moyens d’éterniser le procès, en dénichant dans la jungle touffue des processus juridiques une masse de « précédents » favorables.

Il est loin d’être sans exemple que de grands chefs de la Mafia, difficilement saisis par la Police au prix de mille et mille efforts, soient relâchés par le juge, au prétexte de quelque entorse à l’une des règles de la procédure.

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                             DROITS de l’HOMME.

 La Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 proclame et prescrit tout ce qui pouvait être utile à un bourgeois de ce temps-là. Et surtout à lui.

La liberté d’imprimer, par exemple, le servait, car la presse l’avait mis en mesure de faire sa propagande, contre le système monarchique et féodal en vigueur.

En revanche, il refusait le droit de coalition qui eût permis aux ouvriers de former de dangereux syndicats revendicatifs. D’où la loi LE CHAPELIER.

Le temps passant, l’utilité de ces Droits faiblit ; après plus d’un siècle de domination, les bourgeois commencent à montrer les mêmes réticences réactionnaires qu’avaient les nobles en 1789. Quand l’ordre établi profite, on est pour l’ordre établi. On refuse tout changement qui réduirait le bénéfice des privilèges.

La dure répression de la Commune donne la mesure de l’idéologie égoïste bourgeoise.

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LIBERTE  EGALITE  FRATERNITE. Traduisons la devise républicaine :

Liberté ? C’est la liberté d’entreprendre, sans la moindre restriction.

Egalité ? C’est l’égalité fiscale ; plus d’ordre privilégié échappant à l’impôt.

Fraternité ? Le mot est là pour remercier sans frais le faubourg St-Antoine et le faubourg St-Marcel, qui fournirent les troupes des journées violentes ; c’est-à-dire un peuple d’ouvriers et de pauvres, qui en renversant l’Ancien régime, aida, sans en être conscient, la bourgeoisie à s’emparer du pouvoir.

Fraternité ; le mot est, bien sûr, sans conséquence pratique.

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Il arrive qu’un dirigeant européen invoque les « Droits de l’Homme » afin de se donner l’air de combattre l’Islamisme radical ou critiquer quelque gouvernement tyrannique d’Amérique ou d’Asie.

Mais, c’est pour la frime, car ce politique moraliste sait très bien que, par ailleurs, son propre pays ne cesse de commercer avec le pays coupable. Et parfois même le fournit en avions de combats, chars d’assaut et autres engins de mort.

L’intérêt économique des relations commerciales prime l’idéologie officielle.

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S’il est un passage que les Français ont complètement oublié, c’est bien celui qui caractérise l’impôt !

L’article 13 dispose : «  Pour l’entretien de la force publique et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable ; elle doit être également répartie entre les citoyens, en raison de leur facultés ».

« Elle doit être également répartie, en raison de leur facultés ».

Aux termes de cet article, le montant de l’impôt doit tenir compte de l’envergure du revenu. Un point capital.

Il faut bien voir qu’en excluant très largement Noblesse et Clergé, l’inégalité criante du système fiscal de l’Ancien Régime est l’une des causes premières de la Révolution de 1789. En proclamant l’égalité des droits, les hommes de l’époque visaient avant tout l’égalité devant les taxes.

L’Histoire montre que, de tous temps, les plus fortunés réussissent à se soustraire à un impôt équilibré. A cette fin, ils se tiennent toujours au plus près du Pouvoir. Et le plus souvent, dans l’ombre.

Cette loi des privilèges fiscaux n’en finit pas de de s’appliquer ; et bien sûr elle n’y manque pas de nos jours : réduisant à peu l’imposition des ultrariches, plusieurs centaines de niches fiscales ont été créées.

Encore tout récemment, l’impôt sur la fortune mobilière fut supprimé, ce qui épargnait les multimilliardaires et personne d’autre.

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J’entends de plus en plus souvent user du verbe « punir » pour « exiger l’impôt ». L’Etat ne vous demande pas de contribuer, pour votre part, aux dépenses communes. Non ! il vous PUNIT !

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