Skip to main content

CONCURRENCE

CONCURRENCE

La divinité contemporaine. De nos jours, c’est le nom moderne du Veau d’Or.

***

Fondateur de la science économique et considéré comme le théoricien du libéralisme, Adam SMITH fut sans doute le premier qui attira l’attention sur le concept et sur les bienfaits de la concurrence.

Les capitalistes ne cessèrent d’invoquer sa doctrine pour justifier un « libéralisme » généralisé, fondé sur la libre entreprise et une abstention totale de l’Etat. Encore en 1929, lorsque se déclencha la grande crise aux Etats-Unis, le Président HOOVER se refusa fermement à sauver les banques, au nom d’un libéralisme pur et dur.

Pour peu que l’on se reporte à l’expose initial de SMITH et non pas seulement aux exégèses qui l’ont terriblement simplifié par la suite, on prend conscience que sa pensée comporte mainte nuance et que les « libéraux » les ont largement éliminées.

Ainsi, il n’exclut pas que l’Etat assume sa mission correctrice en temps de crise ; invoquer SMITH en 1929 pour refuser d’intervenir s’avère une mauvaise lecture de sa théorie.

D’autre part, SMITH décrit un capitalisme à petite échelle, celle d’une simple région. Les entreprises des producteurs sont proches et le consommateur se comporte à la façon d’une ménagère qui se ravitaille au marché local ; elle est ainsi en mesure de s’informer facilement, de comparer qualité et prix, afin de choisir le plus avantageux.

Déjà en 1929, les conditions ne sont plus les mêmes ; le commerce international s’est considérablement accru ; les pays et non plus seulement les régions sont devenues dépendants les uns des autres ; c’est pourquoi la crise s’est si vite et complètement internationalisée.

Et ne parlons pas de l’époque actuelle ; les produits en vente proviennent de l’autre bout de la terre. Le consommateur est très peu informé de la provenance certaine, comme de la qualité, encore moins des conditions sanitaires de fabrication sur place, de tout ce que lui présentent les « gondoles » des grandes surfaces.

Oui, la concurrence est bonne dans un petit rayon ; oui, mais elle peut se dégrader au fur et à mesure que l’aire s’agrandit.

Les méfaits de la concurrence augmentent avec l’échelle.

***

Il y a bien longtemps, j’ai côtoyé beaucoup de partisans du Tout-Etat ; communistes, ils obéissaient sans discuter, à leur idole, le « Petit Père des Peuples » ; j’ai connu dans le même temps des partisans du Tout-Marché, dont je remarquais que, bien souvent, ils se réclamaient du Saint-Père romain.

Les opinions étaient tranchées ; les doctrines différaient et s’excluaient totalement, sauf qu’elles trahissaient, en vis-à-vis, une symétrie surprenante entre les positions et une similitude encore plus surprenante dans le langage de leur foi.

Le Petit Père et le Saint-Père se faisaient pendants.

Aucun de ces absolutistes ne songeait à quelque système intermédiaire. Tel gouvernement nationalisa tout ce qu’il put ; le successeur privatisa ensuite tout ce qui avait été nationalisé. Triomphe l’absolu du Tout ou Rien !

Pour ma part ; il eût semblé préférable d’user de la mixité, en tenant compte de l’expérience plutôt que des dogmes.

***

Les partisans de la supériorité du privé sur le public, veulent mettre de la concurrence partout ; SAUF qu’il n’est pas question de l’instaurer entre des institutions telles que banques publiques et banques privées, entreprises publiques et entreprises privées… TOUT doit être confié au privé.

En sens inverse et symétrique, les opposants auraient voulu TOUT réserver aux fonctionnaires et agents du secteur public.

***

Certains partisans résolus de la concurrence généralisée admettent cependant une exception d’importance dans leur crédo ; ils ne comprennent pas l’intérêt du bicaméralisme, alors que son principe est justement de faire délibérer chacune des deux chambres sous le regard critique de l’autre ; de telle sorte qu’elles se contrôlent et corrigent réciproquement.

***