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DECADENCE

DECADENCE

A partir d’un certain âge, quasiment tout le monde déplore la décadence de la politique et surtout celle des mœurs.

La vieillesse commence le jour où nous commençons à dire du mal de la jeunesse.

Autour de moi, j’entends sans cesse gémir : « Les jeunes n’ont plus de morale ! Ils ne respectent plus les vieux… ». Je m’étonne de voir tant de gens obéir aveuglément à ce qui n’est rien de plus qu’un pur automatisme ; il est évident que « jadis était mieux », tout simplement parce qu’alors on était jeune ! Les années corrompent, avec les forces, la vision optimiste que l’on se fait du monde.

Mon père disait : « Tous ces vieillards ont oublié leur temps de jadis,

quand ils commettaient sans honte tout ce qu’ils reprochent maintenant à leurs petits-enfants. »

Il est sûr qu’au bord de sa caverne, un vieux ( trente ans au plus ) du quaternaire se plaignait déjà que ses descendants fussent moralement si dégradés !

Il est vrai que dans ces temps lointains, où la durée de vie dépassait rarement la quarantaine, le sexe tourmentait l’ensemble de la population ; les vieux qui survivaient ne manquaient sûrement pas de dénoncer et de condamner la décadence des mœurs ; mais ils étaient rares, contrairement à nos jours, où ils dominent. Aussi les reproches véhéments de nos contemporains aux blancs cheveux se font beaucoup plus entendre.

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Ayant constaté qu’à toute époque les auteurs comiques se sont moqués de ces éternelles lamentations, je m’étais promis de dresser un recueil, rassemblant tout ce que ces satiristes avaient au cours de siècles écrit sur le sujet.

Malheureusement, je n’ai pas donné suite.

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