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DECENTRALISATION

DECENTRALISATION

 

La centralisation fut longtemps une obsession française. C’est l’inverse de nos jours.

On comprend que jadis le bon peuple fût las des conflits incessants entre seigneurs soucieux d’élargir leur domaine, aux dépens des voisins ; car c’étaient bien les paysans désarmés et personne d’autre que torturaient et tuaient les troupes de mercenaires à la solde des belligérants.

Les rois étaient intéressés à faire « régner » la paix, au moins dans leur royaume. Ils apparaissaient donc comme le recours suprême de l’ordre contre les exactions locales des féodaux. Ils étaient garants de l’ordre arrêtant le désordre.

On sait que la noblesse batailla longtemps pour défendre ses droits traditionnels, peu à peu réduits par le pouvoir royal.

L’événement qui ruina les ultimes prétentions à l’autonomie des grands féodaux fut la Fronde ; elle provoqua des massacres sans nombre, dont les historiens ne soufflent mot, fascinés qu’ils sont par les coups d’éventail des Longueville et des Chevreuse.

Louis XIV profita de cette aspiration à l’ordre qu’imposait le pouvoir royal.

Les Révolutionnaires accentuèrent le mouvement centralisateur, en éliminant les Girondins qui s’y opposaient ; Napoléon paracheva.

Cependant que l’Allemagne et l’Italie attendirent encore longtemps leur unification et l’instauration du centralisme.

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Et puis la centralisation commença à lasser. On l’accusa de tous les maux.

On vit que toutes les directives partaient des bureaucrates de Paris, largement ignorants des réalités et des besoins locaux.

En 1981, les socialistes firent voter une grande loi de décentralisation.

Les méchantes langues dirent à l’occasion que MAUROY et DEFFERRE réglaient des rancunes et qu’ils entendaient bien « se faire » ainsi leur préfet, en le privant des privilèges traditionnels attachés au représentant de l’Etat.

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Une des sottises les plus criantes fut de transférer aux maires le pouvoir de décision sur les permis de construire. Comme si le maire d’une petite ou moyenne commune pouvait s’opposer aux désirs de ses électeurs, quand bien même le permis eût dû être refusé. Et ne parlons pas de corruption !

J’ai connu un maire, soucieux de préserver l’harmonie architecturale et l’unité stylistique de sa commune, qui avait imaginé d’y créer un comité compétent pour la protection du patrimoine, chargé de l’aviser sur la qualité de tous les permis. Ce maire informait par avance chaque candidat constructeur qu’il se rangerait à l’avis de cet organisme spécialisé.

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Une des difficultés du régime communal est que le Français répugne à payer ce qui ne relève pas des affaires privées, production, échanges et négoce ; dans nos têtes gauloises, ce qui est d’origine publique doit être gratuit.

En 1980, un sénateur m’en donnait un exemple frappant : lorsque la distribution l’eau relève des responsabilités municipales, les usagers oublient d’acquitter la facture. La commune confie l’eau à une agence ; ils paient sans rechigner.

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