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DEMOCRATIE

DEMOCRATIE

 

La démocratie est fort loin d’être naturelle, car elle est contraire à l’instinct du chef de meute, tout puissant sur la plupart des humains ; ce moteur fondamental est défavorable à la décision collectivement débattue. Le troupeau ne discute pas ; il suit l’animal de tête.

Aussi, du moins en France, les sondages montrent régulièrement une préférence majoritaire pour l’« homme à poigne qui va remettre de l’ordre».

Conséquence : le Parlement est suspect et les parlementaires automatiquement soupçonnés du pire.

En revanche, le bon peuple, ignorant l’expérience des siècles, tend à croire que les tyrans sont intègres et hantés par le seul souci du bien public.

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J’ai observé, plus que souvent, un phénomène déconcertant, au moins pour moi : les mêmes Français, que ne choque pas le salaire mirobolant d’un joueur de ballon, ne supportent pas que les parlementaires reçoivent plus qu’un médiocre traitement, sans proportion avec la difficulté de leur tâche et l’ampleur de leurs responsabilités.

En décembre 2017, un nouveau député déplore avoir beaucoup perdu en revenu et en qualité de vie ; et signale : « Des anciens cadres du privé, qui gagnaient près de 20 000 euros par mois et se retrouvent avec quatre fois moins, se plaignent de travailler beaucoup plus pour gagner beaucoup moins. »

Cet ingénu découvre les méfaits d’une opinion banale : travailler dans le secteur privé donne tous les droits, dont celui d’être largement rétribué, cependant qu’elle juge le contraire pour les agents du Secteur Public, ainsi que pour les élus, représentants de la nation ; j’y vois une preuve de plus du refus inconscient, mais insurmontable, de l’institution démocratique.

J’ai signalé cette anomalie de traitement ; on m’a répliqué : « Il n’avait qu’à ne pas se faire élire ! »

Une réponse tellement ahurissante qu’elle me laissa… coi.

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La démocratie représentative a pour objet de déléguer la prise de décision à des spécialistes censés bien informés. Malheureusement, les gouvernants, trop souvent obnubilés par le souci de leur réélection, sont obsédés par les sondages et se contentent chaque fois qu’ils le peuvent de suivre l’opinion, telle qu’elle est informée - ou plutôt manœuvrée - par la presse populaire que possèdent les puissants ; la « com » gouverne !

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Sous le nom officiel de « démocratie » on ne peut observer dans la réalité que des « ploutocraties ». L’argent règne et gouverne.

Toutefois, du point de vue des riches, le fonctionnement de ce régime n’est pas parfait ; il souffre une seule exception, mais d’un effet capital : la règle fondamentale de la démocratie exige des élections périodiques ; et là, parfois, une énorme surprise surprend le pouvoir en place. Il arrive que le « Peuple » désavoue la politique pratiquée par la haute finance. Le « Brexit » en est le cas le plus récent.

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A mes yeux, le régime démocratique se fonde sur une illusion : je ne peux croire que le bon peuple, dit souverain, puisse et doive être la source du Pouvoir ; le bon peuple ne souhaite pas décider, mais obéir ! Il se comporte instinctivement en troupeau : on suit le chef de meute. Sans discuter !

Le bon peuple ne cesse de critiquer le Parlement, car un troupeau n’en a pas !

Cependant, sans craindre d’apparaître contradictoire, je suis un partisan convaincu de la démocratie, car je lui reconnais une vertu capitale : la tenue d’élections périodiques.

On sait depuis la nuit des temps qu’un gouvernant fait tout ce qu’il peut pour demeurer au Pouvoir ; c’est la dérive naturelle. Rien de plus dangereux, car, on le sait aussi, le Pouvoir rend fou. Il est donc indispensable qu’après une dizaine d’années au plus, un politique détenant les rênes de l’Etat soit contraint de céder la place ; au moins provisoirement.

L’alternance est une nécessité capitale.

Or, c’est l’office des scrutins que de remettre en cause le mandat des élus, à intervalles réguliers ; et d’entraîner des changements d’hommes à la tête des équipes publiques.

Le régime représentatif garantit cette précieuse précaution.

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Le problème - difficile à résoudre - de la démocratie est que les ignorants et les imbéciles sont majoritaires.

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La classe politique, c’est mal.

Le peuple souverain ; c’est pire.

Le système représentatif est meilleur que le direct.

Les élus sont bien plus compétents que les électeurs.

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En démocratie, les chefs politiques sont très sensibles à l’opinion publique ; parvenus au pouvoir, ils s’efforcent de la satisfaire, autant que possible, à une exception près mais capitale : il ne faudrait surtout pas toucher aux intérêts des puissants qui financèrent leur élection.

A cette fin électorale, les dirigeants usent au maximum des procédés de la « com » et manipulent tant et plus l’opinion des électeurs.

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