Skip to main content

Une critique de l’ouvrage de Jean-Pierre Dadoune, François-Vincent Raspail, apôtre de la république et de la science, L’Harmattan, 2023, 243 pages, 25 €.

 

 

Né en 1794, Raspail est une personnalité singulière et méconnue. Cet autodidacte a poursuivi toute sa vie une activité républicaine et conspiratrice qui lui a coûté dix-neuf années de prison et d’exil, notamment sous Napoléon III. Résolument proche des classes populaires, Il s’est aussi toujours battu en faveur des libertés. À l’âge de 75 ans, pour la première fois, il a été élu député. À la fin de sa vie, il a même été amené à présider l’Assemblée nationale. Jean-Pierre Dadoune s’est attelé à inventorier toutes les richesses de cet homme très actif qui, en parallèle de ses activités politiques, a mené des travaux scientifiques tout à fait originaux et féconds qu’il a tenu à vulgariser.

Il a été un véritable précurseur en imaginant le concept de cellule dix ans avant Schleiden et Schwann. Il s’est beaucoup consacré à l’agriculture en particulier à la botanique ce qui l’a conduit à la rédaction du Nouveau Système de botanique. Il s’est consacré aux plantes mais aussi à la chimie au point de devenir un expert en matière d’investigation dans les affaires d’empoisonnements.

Après avoir découvert qu’un parasite pouvait être à l’origine d’une maladie, il est allé jusqu’à soutenir que les maladies avaient pour cause prépondérante une origine parasitaire, notamment les helminthes. Cette démarche anticipant de quelques décennies les travaux de Pasteur, il en a déduit tout l’intérêt de rechercher des procédés visant à contrer les infections en général. Il a ainsi vanté les mérites du camphre comme antiseptique et insecticide, jusqu’à en faire un agent thérapeutique majeur. Il en a proposé huit formes galéniques tout en insistant sur la prévention et le rôle d’un « régime hygiénique ». Son écart par rapport à la médecine officielle a trouvé un écho auprès des plus modestes, il a été question de « la méthode Raspail ». Certains y ont dénoncé une forme de charlatanisme. Pourtant la valeur scientifique de l’œuvre de Raspail se trouve reconnue, notamment comme initiatrice de ce qui s’appelle l’histochimie qui consiste à mettre en évidence la présence de constituant chimique par révélation colorée. Il a même réussi à étudier au microscope la cristallisation des sels.

Raspail, un homme de paix, un militant aux convictions républicaines, a reçu un hommage vibrant en reconnaissance de ses mérites multiples lors de ses obsèques en janvier 1878. Une foule estimée à 70 000 avec la présence de nombreuses personnalités comme Gambetta y a assisté. Raspail a été inhumé au Père-Lachaise.

Ce livre biographique se termine par une série d’illustrations montrant la variété des préoccupations intellectuelles de Raspail, précédée d’une bibliographie précise. Une liste de ses principales publications met en lumière les facettes multiples de ce personnage méconnu du public et que révèle l’auteur de cet essai à l’appui d’une solide documentation.

Jacques Gonzales